Lapsychanalyse, au tournant du XXe siĂšcle, reconnaĂźt au pĂšre une fonction de « castration symbolique », en Ă©cho Ă  l’autoritĂ© statutaire qu’il pouvait avoir sur le plan social. Cette approche a Ă©tĂ© controversĂ©e dans les annĂ©es 1970, aux marges des courants dominants ce champ, dans le contexte de l’émancipation sexuelle, gĂ©nĂ©rationnelle et fĂ©ministe.
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LepĂšre se demande Ă  quoi est due la survenue de sa phobie mais au lieu de se poser la question de sa propre responsabilitĂ©, il la met d’emblĂ©e sur le dos de la mĂšre : c’est de sa faute. « Je vous adresse encore quelque chose touchant Hans – hĂ©las cette fois-ci c’est une contribution Ă  l’histoire d’un cas.
Le symptĂŽme Fluorite sur socle Etymologie, origine, signification, en psychanalyse et en psychopathologie. Le mot ύΌπΌα, en grec, signifie accident », coĂŻncidence » ; il est constituĂ© du prĂ©fixe ύΜ, Sym de sun avec, ensemble » et de Ï€ÎŻÏ€, piptein tomber, survenir, arriver ». Le symptĂŽme est donc, Ă  l’origine, ce qui survient ensemble », ce qui concourt » ou co-incide tomber sur », au sens littĂ©ral du terme. D’oĂč fait qui permet de prĂ©voir, ou qui manifeste un Ă©tat, une Ă©volution, une Ă©motion ». Un symptĂŽme, rencontre », c’est en cela un signe fonctionnel, est un signe clinique qui reprĂ©sente une manifestation d’une maladie, tel qu’exprimĂ© et ressenti par un patient. En gĂ©nĂ©ral, pour une pathologie donnĂ©e, les symptĂŽmes sont multiples, il peut y avoir le symptĂŽme d’un symptĂŽme, et parfois il peut ne pas y avoir de symptĂŽme la maladie est dite dans ce cas asymptomatique. Inversement, un mĂȘme symptĂŽme peut trĂšs souvent ĂȘtre attribuĂ© Ă  diffĂ©rentes maladies on ne peut donc en gĂ©nĂ©ral pas conclure automatiquement qu’un symptĂŽme par exemple, le mal de gorge est dĂ» Ă  une maladie donnĂ©e par exemple, la grippe ; ce serait commettre le sophisme de l’affirmation du consĂ©quent. Le symptĂŽme n’est que l’expression d’un mal ancien qui n’a pu s’exprimer en mots ou en gestes, c’est-Ă -dire en signifiĂ©s exacts. C’est pourquoi la psychologie positive, les TCC, la mĂ©thode CouĂ©, ne sont pas tenables Ă  long terme, en ce qu’elles ne s’occupent que de la forme du symptĂŽme, de son exprimĂ©. Le symptĂŽme correspond, avec la maladie, l’accident, l’angoisse, Ă  l’un des moyens pour l’inconscient d’atteindre son objectif premier signaler Ă  un patient qu’il est temps de faire la personne ĂȘtre elle-mĂȘme coĂŻncider afin de procĂ©der Ă  une intĂ©gration de la personne et de son ressenti. Lorsque l’on veut transmettre Ă  l’autre la forme de son symptĂŽme et, inconsciemment, sa cause, son signifiant, il s’agit de transmettre des Ă©lĂ©ments d’un mĂ©ta-discours dĂ©jĂ  psychopathologique pour une meilleure comprĂ©hension de l’humain, par soi, par l’autre, dans ce qu’il a de plus mystĂ©rieux et grĂące Ă  la mobilisation d’une expĂ©rience Ă©minemment individuelle et singuliĂšre. Ainsi, lorsque l’on souhaite comprendre et interprĂ©ter un symptĂŽme – c’est d’ailleurs pour quoi le travail sur soi est indispensable pour l’accompagnement d’autrui – il s’agit de reprendre ou de poursuivre l’analyse de son propre fonctionnement en se rĂ©fĂ©rant d’abord Ă  soi-mĂȘme, puis Ă  l’autre, en particulier dans la relation. C’est le travail sur soi qui permet de fonctionner de maniĂšre satisfaisante avec l’autre, et, a fortiori, de le comprendre. C’est ce travail, sur les rapprochements possibles entre les Ă©lĂ©ments de psychopathologie repĂ©rables et les situations rencontrĂ©es, qui implique que l’on doive partir des formes marquĂ©es, pures » formes pathologiques, pour en comprendre les formes attĂ©nuĂ©es, ordinaires, normales ». En chacun de nous existent ces tendances, il faut en Ă©tudier les formes caractĂ©risĂ©es pour comprendre la place des potentialitĂ©s psychopathologiques et les formes qu’elles prennent dans la rĂ©alitĂ© de l’expĂ©rience et du partage. Il s’agit tout naturellement d’approfondir sa propre sensibilitĂ©, sa proximitĂ© avec son propre inconscient pour apprendre Ă  rĂ©flĂ©chir en fonction de ce que les notions rencontrĂ©es inspirent. Nous devons aussi mobiliser ce que l’on a en soi d’intuition, de culture, particuliĂšrement de culture littĂ©raire et artistique. Nous pouvons nous rĂ©fĂ©rer ici au roman, Ă  la poĂ©sie, et, quelquefois, Ă  l’essai, dĂšs lors qu’il emploie les mots justes, ainsi qu’à la peinture et Ă  la sculpture. Nous sommes amenĂ©s Ă  faire des liens entre notre rĂŽle et la psychopathologie, dĂ©ontologiques et Ă©thiques en particulier. Il est nĂ©cessaire de considĂ©rer la psychopathologie et la psychanalyse sous ses formes abouties nĂ©vroses, psychoses, pathologies narcissiques pour en observer les formes attĂ©nuĂ©es comportements, troubles, types, crises afin de les reconnaĂźtre re-co-naĂźtre en soi et en l’autre. Notons, pour les orientations professionnelles des uns et des autres, que les stratĂ©gies psychothĂ©rapeutiques sont fondamentalement diffĂ©rentes des stratĂ©gies d’accompagnement, et que si l’on peut se rĂ©fĂ©rer sans crainte Ă  la thĂ©orie et Ă  des lieux communs, Ă  l’observation de bon sens, en favorisant son implication personnelle, sa pensĂ©e libre, ses liaisons, sa flexibilitĂ©, son autonomie, son adaptation, il faut toujours avoir la distanciation nĂ©cessaire Ă  son propre mĂ©tier afin de ne pas abĂźmer ou ralentir les personnes que l’on accompagne ou dont on prend soin. Pour Freud Ainsi, la peur du cheval chez le petit Hans fait substitution d’un pĂ©ril extĂ©rieur Ă  un danger intĂ©rieur. Un chĂątiment externe ĂȘtre castrĂ© se trouve remplacĂ© par un autre ĂȘtre mordu interne. Il est nĂ©cessaire de rĂ©aliser la diffĂ©renciation entre inhibition et symptĂŽme indice d’un processus morbide. Le symptĂŽme est indice et substitut d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu lieu, un succĂšs du processus de refoulement. Par le processus de refoulement, le plaisir de satisfaction est transformĂ© en dĂ©plaisir et le dĂ©plaisir est le rĂ©sultat d’une satisfaction pulsionnelle. Le Moi tente de supprimer le caractĂšre Ă©tranger et isolĂ© du symptĂŽme en utilisant toutes les possibilitĂ©s de le lier Ă  lui-mĂȘme et par de tels liens de l’incorporer Ă  son organisation. De tels efforts influencent l’acte de formation du symptĂŽme. Nous pouvons prendre l’exemple du symptĂŽme hystĂ©rique thĂ©atro-corporel transparent en tant que compromis entre le besoin de satisfaction et celui de punition, devant tĂ©moin. En tant qu’accomplissements d’une exigence du surmoi, un tel symptĂŽme a part au moi, et indique une position du refoulĂ© en mĂȘme temps qu’un lieu d’irruption de ce refoulĂ© dans l’organisation du moi. Freud nomme ces symptĂŽmes des postes frontiĂšres Ă  occupation mixte ». L’existence du symptĂŽme peut empĂȘcher l’apaisement d’une exigence du Surmoi ou le rejet d’une revendication du monde extĂ©rieur. Les symptĂŽmes de l’hystĂ©rie de conversion, paralysie, contracture ou dĂ©charge motrice, douleur, hallucination, sont des processus d’investissement. Ils remplacent un cours d’excitation perturbĂ©. La douleur fut prĂ©sente dans la situation oĂč survint le refoulement ; l’hallucination fut jadis perception, la paralysie fut dĂ©fense contre une action qui fut inhibĂ©e, la contracture est dĂ©placement pour une innervation musculaire dont on avait eu jadis l’intention Ă  un autre endroit, l’accĂšs convulsif est l’expression d’une Ă©ruption d’affect qui s’est soustraite au contrĂŽle normal du moi, etc. Les questions Ă  se poser sont alors de savoir ce que le symptĂŽme, sa forme et son expression, le lieu qu’il concerne, reprĂ©sentent, Ă©ventuellement de façon associative. Les symptĂŽmes de la nĂ©vrose de contrainte sont ou bien des interdictions, des mesures de prĂ©caution, des pĂ©nitences, ou bien des satisfactions substitutives, sous un dĂ©guisement symbolique. Ils reprĂ©sentent une dĂ©fense contre les revendications libidinales du complexe d’ƒdipe. Quand le moi commence ses efforts de dĂ©fense, il obtient comme succĂšs que l’organisation gĂ©nitale soit ramenĂ©e au stade antĂ©rieur sadique-anal. La formation de symptĂŽmes dans la nĂ©vrose de contrainte tend Ă  accorder toujours plus d’espace Ă  la satisfaction substitutive. Les symptĂŽmes comme restrictions du Moi deviennent des satisfactions, souvent en un piĂštre compromis. Un Moi restreint Ă  l’extrĂȘme » est rĂ©duit Ă  chercher ses satisfactions dans les symptĂŽmes. Le dĂ©placement du rapport de force en faveur de la satisfaction peut conduire Ă  la paralysie de la volontĂ© du Moi. Le conflit entre Ça et Surmoi englobe toutes les tentatives du moi pour se sortir de ce conflit. Les symptĂŽmes lient l’énergie psychique, en lui Ă©vitant l’angoisse. L’inhibition que le moi s’impose pour Ă©viter l’angoisse peut ĂȘtre appelĂ©e symptĂŽme. Fonction du symptĂŽme Dans Introduction Ă  la psychanalyse, Freud compare le symptĂŽme et la structure du rĂȘve. Selon lui, le symptĂŽme est un dĂ©sir rĂ©alisĂ© symptĂŽme qui reproduit d’une maniĂšre ou d’une autre cette satisfaction de la premiĂšre enfance, satisfaction dĂ©formĂ©e par la censure qui naĂźt du conflit. » Lacan reprend la thĂšse freudienne et dit que, comme le langage, il est analysable. Le symptĂŽme est structurĂ© par le processus mĂ©taphorique du langage, il est une formation de l’inconscient comme le rĂȘve, le mot d’esprit, le lapsus
 » Dans lituraterre » il revient sur le symptĂŽme mĂ©taphore et y adjoint la notion de symptĂŽme jouissance. Plus tard encore, il dĂ©finit le symptĂŽme comme lettre Ă  la jonction du symbolique et de la jouissance. La lettre, comme le symptĂŽme, est le rĂ©sultat d’un signifiant refoulĂ© qui fait retour partiellement et revient avec sa charge de jouissance. Si, dans un premier temps, le symptĂŽme apparaĂźt comme Ă©tant un matĂ©riel qui attend d’ĂȘtre dĂ©chiffrĂ©, il sera rapidement repĂ©rĂ© par Freud comme Ă©tant la manifestation d’une satisfaction substitutive rĂ©pondant Ă  un dĂ©faut de jouissance ». Le symptĂŽme est une souffrance qui, d’une certaine maniĂšre, satisfait. Il y a dans le symptĂŽme quelque chose de nouĂ©, qui rend difficile le traitement du symptĂŽme, car le sujet, quoi qu’il en dise, y tient en tant que modalitĂ© existentielle d’un conflit. C’est ce paradoxe, cette aporie que reprĂ©sente le symptĂŽme. PlutĂŽt que de gloser sur le paradoxe, je voudrais reprendre cette idĂ©e de Freud selon laquelle le symptĂŽme est tout d’abord une formation de compromis, puisque dans cette formation particuliĂšre qu’est le symptĂŽme, se satisfont Ă  la fois, en un mĂȘme compromis, le dĂ©sir inconscient et les dĂ©fenses contre ce dĂ©sir. Selon l’étude du mĂ©canisme de la nĂ©vrose obsessionnelle, Freud constate que les symptĂŽmes portent en eux-mĂȘmes la trace du conflit dĂ©fensif dont ils sont le fruit. Dans les reprĂ©sentations obsĂ©dantes, le souvenir refoulĂ© est dĂ©formĂ© et prend la forme de formations de compromis entre les reprĂ©sentations refoulĂ©es et refoulantes ». DĂšs lors, le compromis sera au cƓur de toute production de l’inconscient, de tout rĂȘve, de tout symptĂŽme. Ainsi, un symptĂŽme nĂ©vrotique est le rĂ©sultat d’un conflit ». Deux forces sĂ©parĂ©es le dĂ©sir, son refoulement se rĂ©concilient dans le symptĂŽme. C’est d’ailleurs ce qui explique la capacitĂ© de rĂ©sistance du symptĂŽme il est maintenu de deux cĂŽtĂ©s ». Y a-t-il une diffĂ©rence entre la formation de compromis et la formation du symptĂŽme ? Freud assimile d’abord la formation de symptĂŽme au retour du refoulĂ©. Cependant, il en fait deux processus distincts, les facteurs qui donnent au symptĂŽme sa forme Ă©tant indĂ©pendants des facteurs qui donnent son caractĂšre Ă  la dĂ©fense. En rĂ©alitĂ©, le symptĂŽme et la dĂ©fense ne correspondent pas Ă  la mĂȘme opĂ©ration. La formation de symptĂŽme correspond, prend non seulement la forme de formations de compromis, mais Ă©galement celle de formations rĂ©actionnelles ainsi que de formations substitutives. Formation rĂ©actionnelle Une formation rĂ©actionnelle correspond Ă  une attitude psychologique telle que celle-ci est l’opposĂ© du dĂ©sir refoulĂ©. Par exemple la pudeur comme expression d’une pulsion exhibitionniste. C’est un contre-investissement d’un Ă©lĂ©ment conscient inverse Ă  l’investissement inconscient. Ces formations peuvent ĂȘtre localisĂ©es Ă  un comportement ou bien participer d’un caractĂšre gĂ©nĂ©ral de la personnalitĂ©. Cliniquement, une formation rĂ©actionnelle possĂšde la valeur d’un symptĂŽme dans la mesure oĂč elle n’est pas l’objet d’une intentionnalitĂ©. Formation de remplacement », la formation rĂ©actionnelle prend la place d’une reprĂ©sentation pĂ©nible et lui substitue un symptĂŽme primaire de dĂ©fense » ou contre-symptĂŽme » qui sont censĂ©s annuler l’expĂ©rience infantile libre, non censurĂ©e. La reprĂ©sentation et le conflit qu’elle implique sont remplacĂ©s par une vertu morale obsessive. Ainsi, dans la nĂ©vrose obsessionnelle, les formations rĂ©actionnelles sont directement en rapport d’opposition avec la rĂ©alisation du dĂ©sir. Les traits de caractĂšre constituĂ©s, les altĂ©rations du Moi constituent des processus de dĂ©fense consolidĂ©s, ou l’agressivitĂ© d’une rĂ©action s’exprimera par exemple que vis-Ă -vis d’une personne ou d’une situation. Le geste violent de l’hystĂ©rique pour un enfant tranchera ainsi avec la tendresse gĂ©nĂ©rale qu’elle tĂ©moigne habituellement aux enfants
 La propretĂ© exacerbĂ©e tranchera avec les fantasmes d’analité  Dans l’exercice mĂȘme d’une vertu affichĂ©e et de ses actes poussĂ©s dans leurs derniĂšres consĂ©quences, on pourra observer Ă  un moment donnĂ© une pulsion antagoniste, l’extrĂȘme attention Ă©ducative se transformant en pĂ©dophilie
 Le juge obsĂ©dĂ© par l’équitĂ© et la justice pourra devenir de la sorte le sadique se comportant de maniĂšre cruelle avec tel ou tel
 Une part importante du surmoi se constitue en fonction de cette formation rĂ©actionnelle. Formation substitutive Une formation substitutive dĂ©signe des symptĂŽmes ou des formations Ă©quivalentes lapsus, fantasmes, traits d’esprit, actes manquĂ©s
 qui remplacent des contenus inconscients. Cette formation a une double signification. Une signification Ă©conomique, la formation substitutive donne une satisfaction au dĂ©sir inconscient, une signification symbolique, la formation substitutive remplace un contenu inconscient par un autre auquel il est associĂ©. Formation de compromis, formation rĂ©actionnelle et formation substitutive entrent dans la composition du symptĂŽme. En effet, si le symptĂŽme est le produit d’un conflit dĂ©fensif, il est formation de compromis ; si le dĂ©sir cherche dans le symptĂŽme Ă  s’y satisfaire, il est formation de substitution ; si le symptĂŽme est d’abord fruit d’un processus dĂ©fensif, il est formation rĂ©actionnelle. A la suite de Freud, Lacan lie le symptĂŽme Ă  la fonction paternelle et de ses ratĂ©s. Le symptĂŽme est alors le signe de ce ratage », dont l’interprĂ©tation se fait dans le cadre du transfert. On retrouve d’ailleurs cette mise en regard du pĂšre et du symptĂŽme dans la littĂ©rature psychanalytique le pĂšre pervers des premiĂšres hystĂ©riques de Freud, le pĂšre de Hans et sa complaisance, le pĂšre d’Ernst Lanzer et son rapport alĂ©atoire Ă  la parole donnĂ©e, le pĂšre de Dora et son impuissance sexuelle, le pĂšre Ă©ducateur de Schreber, 
 Le symptĂŽme est alors, pour reprendre un mot de Marc Strauss, l’index du dysfonctionnement de la mĂ©taphore paternelle. Du point de vue du soignant, la premiĂšre fonction d’un symptĂŽme c’est de permettre d’établir un diagnostic. Les Ă©motions Les Ă©motions sont la traduction de la nĂ©cessitĂ© de mouvement, c’est-Ă -dire de changement pour une meilleure adaptation. Etym. Ex extĂ©rieur – movere se mouvoir, mettre en mouvement ». Du latin emotionem, de emotum, supin de emovere, Ă©mouvoir. Mouvoir -motion vers l’extĂ©rieur Ă©-. Historiquement, mouvement, trouble d’une population ; mouvement, trouble du corps », perceptible par soi ou par l’extĂ©rieur. Aujourd’hui, trouble de la sensation » Les Ă©motions primaires sont liĂ©es Ă  la survie du corps. Elles stimulent le systĂšme nerveux autonome viscĂ©ral, le systĂšme musculo-squelettique muscles faciaux, posture, le systĂšme endocrinien. Les Ă©motions secondaires sont liĂ©es Ă  l’organisation de la pensĂ©e. La vie – Le dĂ©sir – Le corps Un corps en souffrance, c’est comme une lettre en souffrance. Il n’est pas perdu, il est en attente, dĂ©laissĂ©. Il s’agit de le retrouver, et, pour cela, de le reconsidĂ©rer, avec ce qu’il a vĂ©cu, souffert. RĂ©veiller son droit Ă  l’existence, Ă  la projection vers le lendemain, Ă  s’imposer phallus. Le schĂ©ma corporel. Comme les premiĂšres expĂ©riences, les Ă©preuves de l’esprit se voient sur le corps. La religion et le corps sont intimement liĂ©s, le plus souvent selon le mode de la punition, jusqu’au crime. L’hypocondrie Transformation des reproches Ă  faire aux autres qui n’ont pu ĂȘtre exprimĂ©s, dĂ©coulant de chagrins non pris en compte ou de pulsions agressives, en reproches Ă  soi-mĂȘme puis en plaintes de douleurs, de maladie somatique, le plus souvent touchant au systĂšme digestif. Des choses n’ont pas Ă©tĂ© digĂ©rĂ©es ». Il existe Ă  la fois une plainte et un rejet de l’aide, cette aide qui aurait du ĂȘtre donnĂ©e jadis par des ĂȘtres affectivement liĂ©s Ă  soi. Le reproche est masquĂ© et reste agissant. Il nous faut Ă  prĂ©sent rendre possible son expression, dans ses dimensions historiques, inconscientes et instancielles. Nicolas Koreicho – Avril 2017 – Institut Français de Psychanalyse© 34RL1H3 Copyright Institut Français de Psychanalyse En2004, l’INSERM a produit un Ă©pais rapport dĂ©montrant l’inefficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalyse pour la majoritĂ© de troubles mentaux (PsychothĂ©rapie. Trois
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Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 7 lettres et commence par la lettre S. CodyCross Solution pour PRÉNOM DE FREUD, LE PÈRE DE LA PSYCHANALYSE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes
Le PĂšre dans la Psychanalyse le pĂšre comme "imago" Association de la Cause Freudienne MĂ©diterranĂ©e - Alpes - Provence Bureau de ville de Toulon Le mardi 25 septembre Ă  20h30 HĂŽpital Chalucet, Salle Romarins Le PĂšre dans la psychanalyse de Freud Ă  Lacan Au cours de l’annĂ©e, nous nous proposons de suivre l’évolution de la thĂšse de J. Lacan sur le PĂšre, Ă  travers ses grandes Ă©tapes Le pĂšre comme imago’» 1938, Le pĂšre comme signifiant’ » 1956, Le pĂšre comme objet’ » 1960, Le pĂšre comme rĂ©gulateur de jouissance’ » 1970 et Le pĂšre comme symptĂŽme’ » 1975. Comme l’an dernier, une rencontre bimestrielle, ouverte Ă  tous les cartellisants sera consacrĂ©e Ă  ces lectures. Par ailleurs, un temps sera rĂ©servĂ© Ă  des invitĂ©s extĂ©rieurs, travaillant aussi la mĂȘme question. PremiĂšre sĂ©ance Le PĂšre comme imago’ Deux interventions sont proposĂ©es Marie-Paule CANDILLIER Le complexe d’intrusion » in Le stade du miroir comme formateur de la fonction du je » Lacan, 1936 Marie-Claude PEZRON L'imago paternelle et la sublimation » in Les complexes familiaux », Lacan, 1938. Ces rencontres sont ouvertes Ă  tous ceux qui souhaitent aborder la lecture de Freud et Lacan.
LepĂšre en psychanalyse, entre ontogenĂšse et phylogenĂšse : repĂšres 1 L a prĂ©gnance d’une fonction paternelle dans le psychisme en tant qu’hĂ©ritage phylogĂ©nĂ©tique prend une place importante dans les deux rapports sur « le paternel ». Cette question traverse toute

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Lecomplexe d’ƒdipe. En se rapprochant de son pĂšre, la petite fille s’éloigne de sa mĂšre et entre en compĂ©tition avec elle. Ces sentiments de rivalitĂ© entraĂźnent alors une grande culpabilitĂ©. Pour le garçon, la concurrence naĂźt par rapport au pĂšre. Le complexe d’ƒdipe conditionne la structuration de la future vie amoureuse. Un A LA UNE LE REVE DE FREUD? REDONNER DU SENS A LA VIE En inventant la psychanalyse, il allait bouleverser la pensĂ©e d'aujourd'hui La voie royale de l'inconscient RĂ©volte oedipienne contre barbarie moderne Survol des diverses thĂ©rapies psychanalytiques L'avis d'un comportementaliste L'avis d'une psychanalyste Les Ă©tapes du gĂ©nie 19, Berggasse. Fin et dĂ©but du voyage Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s PubliĂ© le 20/11/1999 Ă  0000 Temps de lecture 19 min À LA UNE LE RÊVE DE FREUD? REDONNER DU SENS À LA VIE En inventant la psychanalyse, il allait bouleverser la pensĂ©e d'aujourd'hui L'inconscient a 100ans! Du moins, il y cent ans qu'un certain Sigmund Freud a rĂ©vĂ©lĂ© cette part enfouie de nous-mĂȘmes qui tout au plus signalait sa prĂ©sence derriĂšre des dĂ©chets psychiques», comme on disait alors, les lapsus, les mots d'esprit, les actes manquĂ©s, les rĂȘves. Et c'est prĂ©cisĂ©ment en publiant, le 4 novembre 1899, son Traumdeutung», son interprĂ©tation des rĂȘves, que Freud allait ouvrir une voie royale Ă  cette lecture intime de l'homme, Ă  cette mĂ©moire de l'ombre abritant nos dĂ©sirs, nos peurs, nos blessures. Notre Ă©lan de a beau ĂȘtre un gĂ©nie, sa dĂ©couverte n'a pas germĂ© par l'opĂ©ration du Saint-Esprit. Elle naĂźt dans le creuset de son histoire personnelle, celle du petit Juif raillĂ© par une Vienne antisĂ©mite, celle du scientifique pur et dur partant Ă  la conquĂȘte d'une reconnaissance universelle avec la dĂ©termination d'un Hannibal fonçant sur Rome. Cet article est rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Avec cette offre, profitez de L’accĂšs illimitĂ© Ă  tous les articles, dossiers et reportages de la rĂ©daction Le journal en version numĂ©rique Un confort de lecture avec publicitĂ© limitĂ©e
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Lediscours de la psychanalyse n'offre donc pas de modÚles tout faits qu'il suffirait d'appliquer; il permet au contraire de poser des questions, de suggérer des hypothÚses et de mettre en rapport, au sein d'un systÚme de parenté, des données de langage, des modes de pensée et des relations économiques. Chemin faisant, nous avons montré que le systÚme de parenté trobriandais s

On connaĂźt la vie de Sudhir Kakar par le rĂ©cit qu’il en a lui-mĂȘme fait Ă  diffĂ©rentes occasions, et notamment dans le livre autobiographique qu’il a publiĂ© en 2011, A book of memory, confessions and reflections. J’ai aussi recueilli des informations lors de l’entretien qu’il m’a accordĂ© en dĂ©cembre 2016 Ă  Goa. Sudhir Kakar est nĂ© le 15 juillet 1938 Ă  Nainital, une petite commune dans l’Himalaya, situĂ©e dans l’état d’Uttaranchal qui est devenu l’état d'Uttarakhand en 2000. Il est issu d’une famille hindoue punjabie originaire de Lahore et appartenant Ă  la caste des Khatris. Les Khatris, qui peuvent ĂȘtre hindous ou sikhs, se considĂšrent comme l’équivalent punjabi des Kshatriya, la caste guerriĂšre, en dĂ©pit du fait que la majoritĂ© d’entre eux travaillent depuis l’époque moghole dans le secteur marchand. Son pĂšre, qui est magistrat, est rĂ©guliĂšrement mutĂ© et Kakar grandit dans diffĂ©rentes villes comme Sargodha, Rohtak, Shimla et Jaipur. En 1955, aprĂšs son second cycle, ses parents l’envoient faire des Ă©tudes d’ingĂ©nieur Ă  Ahmedabad. Ces Ă©tudes ne l’attirent guĂšre, mais Kakar obĂ©it sans rechigner. L’idĂ©e que le choix d’une profession puisse revenir Ă  l’individu plutĂŽt qu’à sa famille ou que la jeune gĂ©nĂ©ration puisse se rebeller contre la gĂ©nĂ©ration des parents n’existe pas Ă  cette Ă©poque en Inde. A Ahmedabad, Kakar vit chez une de ses tantes maternelles, Kamla Chowdhry, une femme qui a Ă©tĂ© veuve trĂšs tĂŽt et qui vit la vie atypique d’une femme seule, Ă©voluant dans les cercles intellectuels de la ville et connue pour ĂȘtre la maĂźtresse du cĂ©lĂšbre physicien Vikram Sarabhai, pĂšre du programme spatial indien » et fondateur de l’Institut indien de management Indian Institute of Management d’Ahmedabad. C’est en vivant chez sa tante Kamla que Kakar dĂ©couvre la philosophie occidentale et la psychologie, disciplines qui le passionnent immĂ©diatement, contrairement Ă  ses Ă©tudes d’ingĂ©nieur qui l’ennuient beaucoup. Il lit avidement Schopenhauer, Whitehead, Russel et Freud. Par le biais de la frĂ©quentation de sa tante Kamla et des amis qui l’entourent, Kakar dĂ©couvre la fascination pour le fait d’ĂȘtre un individu, d’ĂȘtre une personne qui n’a pas besoin de penser ou de se comporter uniquement comme un membre de sa famille ou de sa caste » Kakar 2011a 107. DĂšs lors, Kakar se sent trĂšs attirĂ© par cet idĂ©al d’indĂ©pendance qu’il associe au monde occidental. Son attrait pour la psychologie est indissociable de son dĂ©sir confus de ne pas suivre le chemin que sa famille a tracĂ© pour lui. Pour de nombreuses annĂ©es, l’ homme psychologique », cet individu hĂ©roĂŻque, suivant ses dĂ©sirs et ses inclinations, Ă©chappant aux attentes sociales et aux attaches humaines » devient le modĂšle qui l’attire et le fascine Kakar 2011a 107. A la fin de ses Ă©tudes, Kakar avoue Ă  son pĂšre ne pas aimer le mĂ©tier d’ingĂ©nieur et lui demande de le laisser aller faire une licence Ă  l’étranger dans une discipline qui lui plaĂźt, comme la psychologie, l’anthropologie ou la philosophie. Son pĂšre refuse de le laisser changer d’orientation professionnelle, mais finit par le laisser aller suivre un master en ingĂ©nierie industrielle en Allemagne. En 1959, Kakar va donc vivre Ă  Hambourg, oĂč il fait l’expĂ©rience d’une libertĂ© qu’il ne connaissait pas et dĂ©couvre avec enthousiasme la vie Ă©tudiante allemande. NĂ©anmoins, ses Ă©tudes d’ingĂ©nieur continuent de lui peser et ses doutes quant Ă  son orientation professionnelle s’intensifient. La distance lui donne le courage de s’opposer franchement Ă  son pĂšre et Ă  sa famille. Il demande une fois encore, avec bien plus de force, Ă  recommencer des Ă©tudes dans un domaine qui lui plaĂźt. Son pĂšre, qui n’est aucunement prĂȘt Ă  cĂ©der Ă  ce qu’il voit comme un caprice de jeunesse, propose toutefois Ă  Kakar un compromis au lieu de poursuivre ses Ă©tudes en ingĂ©nierie industrielle, comme c’était prĂ©vu, il peut Ă©tudier le management industriel, une discipline qu’il juge Ă  mi-chemin entre l’ingĂ©nierie et la philosophie. Sudhir Kakar obtempĂšre et suit donc des Ă©tudes de management industriel et d’économie entre 1959 et 1964. Au printemps 1964, Ă  vingt-cinq ans, il retourne en Inde aprĂšs cinq ans passĂ©s en Allemagne. Ses parents pensent qu’ils vont enfin pouvoir lui faire obtenir un bon poste et le marier, mais Kakar se sent plus perdu que jamais. EngagĂ© en tant que chargĂ© de recherche au sein du dĂ©partement pour le management du dĂ©veloppement agricole et rural de l’Institut indien de management, Ă  Ahmedabad, il se voit confier la mission de recueillir des donnĂ©es sur les formes de leadership prĂ©sentes dans les institutions rurales et voyage beaucoup dans les campagnes du Nord de l’Inde. Ses longs voyages lui laissent du temps pour essayer d’y voir plus clair en lui-mĂȘme. Doit-il se ranger Ă  l’avis de sa famille et trouver un bon poste d’ingĂ©nieur ou de professeur de management ? Ou lui faut-il prĂȘter l’oreille Ă  ses dĂ©sirs un peu fous de devenir Ă©crivain ou rĂ©alisateur ? Doit-il Ă©pouser l’une des jeunes filles sĂ©lectionnĂ©es par ses parents ? Ou doit-il partir Ă  la recherche du grand amour, comme dans la littĂ©rature romantique dont il raffole ? Kakar est dans une grande confusion, dont il ne sait comment s’extraire. L’incomprĂ©hension de sa famille, peu disposĂ©e Ă  tolĂ©rer ses hĂ©sitations plus longtemps, rend cette pĂ©riode encore plus douloureuse Kakar 2011a 152. C’est la rencontre du psychanalyste Erik Erikson qui va permettre au jeune Kakar de sortir de ce trouble intĂ©rieur. Erikson, qui est alors professeur de dĂ©veloppement humain Ă  l’universitĂ© d’Harvard, passe quelques mois en 1964 Ă  Ahmedabad pour travailler sur son livre consacrĂ© Ă  Gandhi, publiĂ© en 1969 sous le titre La vĂ©ritĂ© de Gandhi les origines de la non violence. Il vit chez Kamla Chowdhry, la tante de Kakar, qui est alors directrice des recherches de l’Institut indien de management. Kakar, qui vit aussi chez sa tante, lui parle de ses interrogations quant Ă  son avenir professionnel, et plus gĂ©nĂ©ralement quant au genre de vie qu’il veut avoir. Il se met Ă  lire les livres du psychanalyste amĂ©ricain et dĂ©couvre ses thĂ©ories sur les diffĂ©rents stades du dĂ©veloppement psychosocial et son concept de crise d’identitĂ© », qui semble tout d’un coup donner du sens au trouble intĂ©rieur qui l’habite Mes problĂšmes d’identitĂ© », bien que de durĂ©e peut-ĂȘtre excessive, faisaient partie d’une crise normative de l’adolescence et du jeune Ăąge adulte, oĂč mes talents personnels recherchaient, sans succĂšs pour le moment, un milieu professionnel qui leur convienne. En outre, ma confusion identitaire n’était pas simplement personnelle mais s’inscrivait aussi dans la culture de ma communautĂ© – au sens oĂč cela reflĂ©tait la crise contemporaine dans le dĂ©veloppement historique de la classe moyenne indienne, dĂ©chirĂ©e entre l’Orient et l’Occident, divisĂ©e entre des conceptions du monde europĂ©enne et indienne Kakar 2011a 159. ConsidĂ©rant qu’Erikson est le guru que [son] identitĂ© indienne recherchait » Kakar 2011a 60, Kakar dĂ©cide qu’il veut devenir, comme lui, un psychanalyste et un Ă©crivain. Bien qu’il n’ait aucun diplĂŽme de psychologie, Erikson se montre encourageant, et lui assure que s’il parvient Ă  avoir un doctorat dans les trois prochaines annĂ©es, il fera de son mieux pour le prendre Ă  Harvard comme assistant. Pour avoir un doctorat le plus rapidement possible, Kakar dĂ©cide de poursuivre en Ă©conomie, la discipline dans laquelle il a rĂ©alisĂ© son master. En 1964, il part pour Vienne, oĂč il fait une thĂšse sur le leadership dans les entreprises indiennes, utilisant pour cela les donnĂ©es qu’il a recueillies dans les campagnes du nord de l’Inde lors de l’enquĂȘte qu’il a rĂ©alisĂ©e pour l’Institut indien de management. Dans cette thĂšse, qui cherche Ă  comprendre la façon dont les traits spĂ©cifiques de la culture indienne façonnent des formes particuliĂšres de leadership, il s’intĂ©resse pour la premiĂšre fois Ă  la dimension culturelle des phĂ©nomĂšnes sociaux. En 1966, Kakar, qui a rempli toutes les obligations de son doctorat et rendu sa thĂšse, devient l’un des six assistants d’Erikson Ă  Harvard – avec, entre autres, le futur sociologue Richard Sennett. C’est Ă  cette Ă©poque que Kakar, qui doit encadrer des Ă©tudiants de psychologie sans avoir jamais lui-mĂȘme Ă©tudiĂ© cette discipline, se met Ă  lire abondamment de la psychologie et de la psychanalyse. Cela fait deux ans qu’il a acquis le dĂ©sir de devenir psychanalyste, mais ce dĂ©sir n’est pas ancrĂ© dans une connaissance de la thĂ©orie analytique ou dans une expĂ©rience clinique personnelle. Ce qui motive avant tout son attirance pour la psychanalyse, c’est la personnalitĂ© d’Erikson, qui jouit sur le campus d’Harvard d’une trĂšs grande notoriĂ©tĂ© et que Kakar admire beaucoup depuis leur rencontre Ă  Ahmedabad. En outre, les productions thĂ©oriques d’Erikson le sĂ©duisent spontanĂ©ment, en ce qu’elles accordent une place importante Ă  la question de l’identitĂ© et de la culture. Selon Erikson, les processus intrapsychiques ne suffisent pas Ă  rendre compte du dĂ©veloppement dans toute sa complexitĂ©, et il faut complĂ©ter la thĂ©orie du dĂ©veloppement psychosexuel de Freud par une thĂ©orie du dĂ©veloppement psychosocial. InfluencĂ©e par l’école culturaliste amĂ©ricaine, qui s’attache Ă  relier les caractĂ©ristiques psychologiques des individus aux expressions particuliĂšres des cultures dans lesquelles ils Ă©voluent, son approche est portĂ©e par le souci d’intĂ©grer l’environnement social, Ă  la fois restreint le rĂ©seau des relations interpersonnelles et Ă©tendu la sociĂ©tĂ© et la culture. En cela, il prend une certaine distance avec la thĂ©orie freudienne, rĂ©ticente Ă  accorder une fonction inductive Ă  l’environnement. Cette volontĂ© de donner une dimension sociale, culturelle et historique Ă  la psychanalyse rĂ©sonne de façon particuliĂšrement juste aux oreilles de Kakar. Ses sĂ©jours en Europe et aux Etats-Unis ont mis en branle chez lui de profonds questionnements sur sa propre identitĂ©, et sur la place qu’y prend son ancrage dans la culture indienne. La thĂ©orie d’Erikson lui fournit un outillage conceptuel pour se confronter Ă  ces questions et Ă©baucher ce qui va constituer le projet intellectuel de toute sa vie, la formulation d’une psychologie culturelle indienne, ou plus prĂ©cisĂ©ment, la comprĂ©hension de la psychĂš et de la sociĂ©tĂ© en Inde au prisme de la pensĂ©e psychanalytique » Kakar 2011a 175. Kakar rentre en 1968 Ă  Ahmedabad, oĂč il enseigne Ă  l’Institut indien de management. Il se marie la mĂȘme annĂ©e avec une jeune fille issue d’une grande famille commerçante de Bombay, aprĂšs avoir longtemps luttĂ© contre l’opposition de leurs familles respectives face Ă  l’union d’une Bania gujaratie et d’un Khatri punjabi. Il garde le dĂ©sir de devenir psychanalyste, sans savoir toutefois comment s’y prendre. Il aimerait intĂ©grer une Ă©cole de psychanalyse amĂ©ricaine mais n’est pas mĂ©decin, condition nĂ©cessaire aux Etats-Unis pour entreprendre la formation d’analyste. C’est une fois encore Erikson qui lui vient en aide. A sa demande en effet, le psychanalyste allemand Alexander Mitscherlich, alors directeur du Sigmund Freud Institute de Francfort, propose Ă  Kakar de le prendre en formation. De 1971 Ă  1975, Kakar se forme au mĂ©tier d’analyste Ă  Francfort, en conduisant son analyse personnelle, en frĂ©quentant assidĂ»ment le Sigmund Freud Institute et en participant de façon plus large Ă  la vie intellectuelle de Francfort, oĂč psychanalystes et spĂ©cialistes des sciences sociales travaillent en Ă©troite collaboration. Depuis sa fondation en 1923, l’Institut de recherche sociale de Francfort est caractĂ©risĂ© par sa volontĂ© d’articuler marxisme et psychanalyse dans l’élaboration d’une thĂ©orie critique. Pour les grands penseurs de cette tradition comme le philosophe et sociologue Max Horkheimer et le psychanalyste Erich Fromm, la psychanalyse est avant tout une science complĂ©mentaire, qui prolonge la critique marxiste de l’économie politique par une analyse de l’économie psychique. La psychanalyse fournit au marxisme une thĂ©orie de la subjectivitĂ© qui lui fait dĂ©faut. Chez un autre penseur de l’Ecole de Francfort, ThĂ©odor Adorno, la psychanalyse permet davantage d’éclairer l’irrationalitĂ© sociale, la nĂ©gativitĂ© ou la dĂ©raison dans l’histoire, et s’avĂšre ainsi un outil indispensable dans l’analyse de la personnalitĂ© autoritaire, du fascisme, du nationalisme ou du racisme. L’usage des concepts psychanalytiques pour un diagnostic critique de la sociĂ©tĂ© s’accompagne d’une critique de l’anhistoricitĂ© de la thĂ©orie psychanalytique. Les penseurs de l’Ecole de Francfort soutiennent que l’organisation psychique doit toujours ĂȘtre resituĂ©e socialement et historiquement. Ils sociologisent la psychanalyse, refusent le noyau biologique de la dĂ©couverte freudienne et insistent sur l’importance de la culture26. C’est dans ce contexte intellectuel que Kakar effectue sa formation de psychanalyste. La frĂ©quentation d’Erikson, qui fait de l’identitĂ© une construction psychosociale, l’a dĂ©jĂ  amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la place de l’environnement socio-culturel dans la psychĂš humaine. La frĂ©quentation de la tradition francfortoise le conduit Ă  poursuivre cette rĂ©flexion. Il commence dĂšs lors Ă  regarder d’un Ɠil critique les traditions psychanalytiques – en particulier l’ego-psychology amĂ©ricaine – qui s’adossent Ă  une conception trĂšs individualiste de l’homme et jugent que l’environnement socio- culturel n’a qu’une influence secondaire et superficielle sur la vie psychique des individus. Le projet intellectuel qui l’occupera toute sa vie peut ĂȘtre dĂ©crit comme une rĂ©futation des thĂšses de cette psychanalyse individualiste, Ă  partir d’une exploration de la psychĂš indienne et du rĂŽle de la sociĂ©tĂ© dans l’élaboration de cette psychĂš. 26 Les façons prĂ©cises d’articuler thĂ©orie freudienne et thĂ©orie de la sociĂ©tĂ© ont pu grandement varier et ont fait l’objet de vifs dĂ©bats au sein des penseurs proches de l’Institut de recherche sociale de Francfort. Pour une analyse dĂ©taillĂ©e de ces dĂ©bats, on peut se reporter Ă  Genel 2016. Au-delĂ  de ce contexte intellectuel, c’est l’analyse personnelle de Kakar qui le pousse Ă  rĂ©flĂ©chir sur le rĂŽle de la culture dans la formation de la personnalitĂ©. DĂšs le dĂ©but de son analyse avec Clemens de Boor, un psychanalyste spĂ©cialiste de la mĂ©decine psychosomatique, Kakar sent confusĂ©ment qu’en bien des domaines, de Boor et lui-mĂȘme ont du mal Ă  se comprendre. Prenons les deux exemples sur lesquels il insiste dans son autobiographie. Tout d’abord, il se sent mal Ă  l’aise devant l’attitude distante, voire froide, de Clemens de Boor. A ses yeux, la figure du psychanalyste incarne la personnification du vieux sage guidant avec bienveillance un disciple sincĂšre et travailleur qui [a] abdiquĂ©, au profit de son guru, toute responsabilitĂ© dans son propre bien-ĂȘtre » Kakar 2011a 200. Alors qu’à la mĂȘme Ă©poque, c’est le potentiel subversif de la psychanalyse qui fait son attrait auprĂšs de la jeunesse europĂ©enne et amĂ©ricaine, l’attirance de Kakar pour la psychanalyse tient beaucoup aux vertus de sagesse et de discernement qu’il associe avec la mise Ă  jour des contenus inconscients. Ainsi Kakar conçoit spontanĂ©ment sa relation avec son psychanalyste en la calquant sur le modĂšle relationnel maĂźtre / disciple. Kakar attend de son psychanalyste que, comme tout bon guru indien – et comme s’est en outre comportĂ© Erikson avec lui –, il montre bienveillance, sollicitude et compassion, de façon bien plus manifeste que ne le font habituellement les psychanalystes europĂ©ens. Il y a lĂ  un premier dĂ©calage culturel avec son psychanalyste. L’autre exemple sur lequel insiste Kakar pour illustrer les incomprĂ©hensions entre son psychanalyste et lui-mĂȘme, c’est les relations intrafamiliales et la place accordĂ©e aux membres de sa famille Ă©largie. Kakar remarque que de Boor a tendance Ă  considĂ©rer les oncles, les tantes et les cousins qui ont eu une grande importance dans son enfance et dans sa vie comme des figures de second plan. Il a le sentiment d’avoir du mal Ă  faire comprendre l’importance et la spĂ©cificitĂ© de chacune de ces relations. Le systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Inde du Nord, et dans la famille punjabie de Kakar, distingue nettement des relations qui sont confondues dans le systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Allemagne, et plus gĂ©nĂ©ralement en Europe. Tout d’abord, les relations matrilatĂ©rales et les relations patrilatĂ©rales sont clairement diffĂ©renciĂ©es, Ă  la fois dans la terminologie utilisĂ©e, dans les devoirs et les obligations qui accompagnent ces diffĂ©rentes relations, et plus gĂ©nĂ©ralement dans les reprĂ©sentations collectives qui les entourent. Ensuite, au sein du mĂȘme cĂŽtĂ© de la famille celui du pĂšre ou celui de la mĂšre, un mĂȘme type formel de relation par exemple, neveu / oncle paternel se voit souvent redoubler d’un deuxiĂšme critĂšre de distinction, l’ñge et le rang dans la famille, critĂšre qui Ă  son tour entraĂźne une terminologie spĂ©cifique ainsi que des devoirs et des obligations diffĂ©rents. Ainsi, pour en rester au mĂȘme exemple, les oncles paternels sont clairement distincts des oncles maternels. Au sein des oncles paternels, les oncles plus ĂągĂ©s que le pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s des oncles qui sont plus jeunes que lui. Les oncles maternels sont au contraire dĂ©signĂ©s par le mĂȘme terme. Ainsi, lĂ  oĂč l’on parle d’ oncle » en français – ou d’ Onkel » en allemand – le punjabi distingue le taya le frĂšre aĂźnĂ© du pĂšre, le chacha le frĂšre cadet du pĂšre, le phupher le mari de la sƓur du pĂšre, le mama le frĂšre de la mĂšre et le masar le mari de la sƓur de la mĂšre. Chacun de ces termes indique une relation de parentĂ© spĂ©cifique et convoque un imaginaire bien particulier. Par exemple, le taya est une personne que l’on respecte et que l’on craint quand on entretient une relation de camaraderie et de taquinerie avec son chacha et qu’on est gĂątĂ© et choyĂ© par son mama. Dans son analyse personnelle, Kakar convoque spontanĂ©ment tout l’éventail de ces relations. Mais il s’aperçoit que Clemens de Boor, qui est peu au fait des spĂ©cificitĂ©s du systĂšme de parentĂ© qui prĂ©vaut en Inde du Nord, a tendance Ă  ne voir dans ses diffĂ©rents oncles et ses diffĂ©rentes tantes que de simples figures parentales, lissant ainsi totalement les spĂ©cificitĂ©s de chacune de ses relations. Kakar a le sentiment d’ un sĂ©rieux appauvrissement de [s]on monde Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 9 lettres et commence par la lettre F. CodyCross Solution pour ENSEMBLE DES THÉORIES DU PÈRE DE LA PSYCHANALYSE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types La semaine derniĂšre, j’ai mis une contribution sur le rĂŽle pĂšre-mĂšre, qui une fois Ă©crite m’a fait repenser qu’il y a d’autres visions de ce rĂŽle et qu’il est important pour ce faire une idĂ©e du sujet de le regarder sous diffĂ©rents angles. Voici donc une autre vue de ces rĂŽles de pĂšre et de mĂšre Ă  travers la psychanalyse. J’ai pris pour base deux articles que j’ai trouvĂ© suffisamment concis et clair dans un langage simple car comme vous je n’aime pas les langages compliquĂ©s accessibles uniquement aux personnes ayant une maĂźtrise en psychologie. Il faut bien diffĂ©rencier rĂŽle et fonction le rĂŽle dĂ©signe des comportements, des actes ou des attitudes conscientes, volontaires, concrĂštes, interchangeables et relatifs comme les tĂąches mĂ©nagĂšres ou de pourvoyeurs » 1 alors que La fonction est Ă  l’inverse des rĂŽles car celle-ci est inconsciente, psychologique non volontaire, unique, spĂ©cifique et absolue identitĂ© sexuĂ©e. Aucune mĂšre, malgrĂ© sa bonne volontĂ©, ne peut remplir la fonction paternelle ; elle ne peut remplir que » sa » fonction maternelle »1 Dans la rĂ©alitĂ©, la mĂšre se retrouve parfois Ă  remplir la fonction paternelle, j’en reparle Ă  la fin. Vous comprendrez donc Ă  la lecture de cette prĂ©cision linguistique que j’ai parlĂ© du rĂŽle pĂšre-mĂšre la semaine derniĂšre et que lĂ , il s’agit de parler de la fonction paternelle et la fonction maternelle. J’ai fait le choix de prendre la vision de Winnicott qui a une approche positive de la mĂšre contrairement Ă  Freud. Winnicott Ă©tait pĂ©diatre avant d’ĂȘtre psychanalyse ceci explique peut ĂȘtre sa vision. Concernant la mĂšre, Au tout dĂ©but, le nouveau-nĂ© est dans une situation de dĂ©pendance absolue vis-Ă -vis de l’entourage. » 2 L’entourage est souvent la mĂšre en premier lieu, ou ce qu’il nomme son substitut, c’est Ă  dire la personne qui sera prĂ©sente pour s’occuper du nouveau-nĂ©. La mĂšre y rĂ©pond par la prĂ©occupation maternelle primaire, c’est-Ă -dire une capacitĂ© Ă  s’identifier Ă  l’enfant pour le comprendre. Au cours de cette pĂ©riode, elle est littĂ©ralement en rĂ©sonance avec les besoins du bĂ©bĂ©. Elle Ă©prouve une irrĂ©pressible nĂ©cessitĂ© de les satisfaire. La dĂ©tresse de son enfant lui est intolĂ©rable. Le nourrisson et sa mĂšre forment une dyade. »2 C’est ce que certaines personnes appellent l’instinct maternel » cette capacitĂ© Ă  ĂȘtre en rĂ©sonance totale avec les besoins du bĂ©bĂ© et y rĂ©pondre instantanĂ©ment parfois mĂȘme juste avant qu’il ne soit exprimĂ©. Ceci est vrai dans le cas de l’allaitement oĂč les mĂšres peuvent parfois sentir la montĂ©e de lait, se rĂ©veiller juste avant que le bĂ©bĂ© ne se rĂ©veille. La fonction maternelle est d’abord une fonction de matrice, de source nourriciĂšre, d’enveloppe, de rĂ©ceptacle de vie, de rĂ©tention. La mĂšre reprĂ©sente l’abri, la sĂ©curitĂ©, la protection, la chaleur, l’affection, la fusion, la comprĂ©hension La mĂšre reprĂ©sente l’amour. »1 Pour Winnicott, il y a trois fonctions maternelles indispensables au bon dĂ©veloppement de l’enfant la prĂ©sentation de l’objet c’est le fait d’ĂȘtre prĂ©sente, la mĂšre est lĂ  tout le temps pour l’enfant le fait de tenir, de contenir c’est le fait de donner des repĂšres simples et stables, c’est aider l’enfant Ă  comprendre ce qu’il ressent faim, soif, besoin d’ĂȘtre changĂ©.. la manipulation physique du bĂ©bĂ© les soins lui permettent de prendre conscience qu’il a un limite corporelle, une tĂȘte, un tronc avec un ventre, des bras, des jambes
 Je m’en tiens Ă  l’utilisation du dĂ©but de l’article, le reste Ă©tant plus technique et n’apporte pas d’informations complĂ©mentaires sur le rĂŽle de la mĂšre. VoilĂ  donc rĂ©sumĂ© trĂšs rapidement le rĂŽle de la mĂšre auprĂšs de l’enfant selon la vision de Winnicott. La transition vers le rĂŽle du pĂšre est simple schĂ©matiquement, elle rĂ©conforte, lui stimule. Il est intĂ©ressant de noter que la naissance de la fonction maternelle est d’ordre biologique la grossesse alors que celle du pĂšre est un processus symbolique liĂ© Ă  l’environnement. En effet, il y a des hommes pour qui ĂȘtre pĂšre est trĂšs abstrait, ils vivent la grossesse de loin sans comprendre trop ce qui se passe mĂȘme si le mental est lĂ  et l’entourage pour lui dire c’est chouette tu vas ĂȘtre papa ! » ils ne comprennent pas trop ce qui arrive. La fonction du pĂšre en est une de sĂ©paration, d’expulsion du sein maternel, de distinction, de diffĂ©renciation. Le pĂšre doit Ă©duquer ses enfants dans le sens Ă©tymologique du mot » educare » faire sortir, tirer dehors, conduire au-dehors avec soin. »1 J’appuie particuliĂšrement sur le conduire au-dehors avec soin » Cette notion de soin est importante pour la suite de ce qu’est la fonction paternelle selon la psychanalyse. En effet, La fonction du pĂšre est de sĂ©parer l’enfant de la mĂšre. Il doit s’interposer entre la mĂšre et l’enfant pour permettre Ă  l’enfant de dĂ©velopper son identitĂ© en dehors de la symbiose maternelle et rappeler Ă  la mĂšre qu’elle est aussi une femme, une amante, un ĂȘtre de plaisir, non seulement un ĂȘtre de devoir gĂ©nĂ©reux. Si la mĂšre reprĂ©sente l’amour fusionnel, le pĂšre reprĂ©sente les limites, les frontiĂšres, la sĂ©paration psychologique »1 ceci doit ĂȘtre fait avec grand soin et douceur ! Il est aucunement question de sevrer l’enfant pour que le pĂšre rĂ©cupĂšre sa femme comme prĂ©conisĂ© par certaines personnes vous voyez de qui je parle. Yvon Dallaire retranscrit 5 fonctions paternelles La protection protĂ©ger les siens et donc pour ce faire ĂȘtre prĂ©sent physiquement et psychologiquement L’éducation Le pĂšre doit faciliter Ă  ses enfants l’apprentissage du contrĂŽle de soi »1 L’initiation initier l’enfant aux rĂšgles de la sociĂ©tĂ© pour vivre avec les autres La sĂ©paration sĂ©parer la mĂšre de l’enfant et l’enfant de la mĂšre pour que l’un et l’autre puisse s’épanouir ; la mĂšre en tant que femme et l’enfant en tant qu’adulte La filiation pour que l’enfant sache qui est son pĂšre et qu’il puisse s’inscrire dans une lignĂ©e. On comprendra Ă  la lecture de cet article 1 que la fonction paternelle a Ă©tĂ© bien bousculĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Les mĂšres ont pris une partie de ces fonctions par les rĂŽles qu’elles ont jouĂ©, peut ĂȘtre parce que les hommes des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes avaient oubliĂ© que leur fonction doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avec soin » et non autoritarisme ». Marie-Christine Eustache 1 par Yvon Dallaire 2 LepĂšre et la mĂšre doivent conjointement assurer la possibilitĂ© pour le bĂ©bĂ© de les discerner, de les identifier en tant que tels, mais aussi d’ĂȘtre confrontĂ© Ă  un objet en soi, le couple. Le couple permet d’organiser chez le bĂ©bĂ© le rapport Ă  l’altĂ©ritĂ©, Ă  la diffĂ©renciation de ce qui est permis de ce qui est interdit, Ă  la diffĂ©renciation des sexes, Ă  la Le jeu simple et addictif CodyCross est le genre de jeu oĂč tout le monde a tĂŽt ou tard besoin d’aide supplĂ©mentaire, car lorsque vous passez des niveaux simples, de nouveaux deviennent de plus en plus difficiles. Plus tĂŽt ou plus tard, vous aurez besoin d’aide pour rĂ©ussir ce jeu stimulant et notre site Web est lĂ  pour vous fournir des CodyCross En rapport avec le pĂšre de la psychanalyse rĂ©ponses et d’autres informations utiles comme des astuces, des solutions et des astuces. Ce jeu est fait par le dĂ©veloppeur Fanatee Inc, qui sauf CodyCross a aussi d’autres jeux merveilleux et dĂ©routants. Si vos niveaux diffĂšrent de ceux ici ou vont dans un ordre alĂ©atoire, utilisez la recherche par indices ci-dessous. CodyCross Confort de la Maison Groupe 623 Grille 4FREUDIEN
Ildéfend dans son dernier ouvrage «extension de la psychanalyse, pour une métapsychologie de 3Úme type » paru en 2015 aux éditions Dunod, la nécessité de tenir compte d'une conjonction complexe et dynamique entre 3 espaces de réalités psychiques interférents : du sujet, des liens et du groupe et décrit un nouveau paradigme de l'inconscient qui le met face à une nouvelle
Le CongrĂšs des Psychanalystes de Langue Française de 2012 nous avait rappelĂ© que le complexe d’ƒdipe fut une des grandes dĂ©couvertes de la pensĂ©e freudienne, inscrite dans l’histoire humaine par l’universalitĂ© du mythe grec d’ƒdipe, au-delĂ  de l’histoire du sujet. L’un des traits de gĂ©nie de Freud fut d’articuler la structure triangulaire familiale dans laquelle le pĂšre est Ă  la fois un rival et un objet dĂ©sirĂ©, avec l’universalitĂ© de la loi du tabou de l’inceste en rĂ©fĂ©rence au meurtre du pĂšre de la horde primitive. La triangulation de l’ƒdipe n’était donc pas qu’une histoire familiale. Le congrĂšs de 2013 sur le paternel nous a amenĂ© Ă  d’autres interrogations. Avant l’accĂšs Ă  cette conflictualitĂ© Ɠdipienne, qu’en est-il des premiĂšres relations de l’enfant avec ses deux parents ? La mĂšre bien sĂ»r mais aussi le pĂšre. Dans cette perspective, le dĂ©but de la vie psychique peut-il se penser en termes de triangulations prĂ©coces s’organisant avec la mĂšre et le pĂšre ? Les premiers liens mĂšre-enfant ont Ă©tĂ© beaucoup Ă©tudiĂ©s. Qu’en est-il des relations avec le pĂšre Ă  la mĂȘme pĂ©riode de vie de l’enfant ? Si l’importance du pĂšre de la horde et son hĂ©ritage phylogĂ©nĂ©tique sont des acquis de la thĂ©orie psychanalytique, la question reste posĂ©e de ce mĂȘme point de vue sur l’implication du pĂšre rĂ©el de la vie quotidienne auprĂšs de l’enfant. Il est vrai qu’on fait peu rĂ©fĂ©rence Ă  des textes freudiens sur le thĂšme des deux parents et particuliĂšrement du pĂšre auprĂšs de l’enfant au dĂ©but de sa vie. Je vais en Ă©voquer trois. Le premier est la lettre Ă  Fliess du 6-4-1897 dans laquelle il Ă©voque le vĂ©cu des trĂšs jeunes enfants quant Ă  la scĂšne primitive Je veux parler des fantaisies hystĂ©riques, qui remontent rĂ©guliĂšrement, comme je le constate, aux choses que les enfants ont entendues trĂšs tĂŽt et comprises seulement aprĂšs-coup. L’ñge auquel ils ont reçu un tel message est tout Ă  fait Ă©tonnant, dĂšs 6 ou 7 mois ! » Cette citation est intĂ©ressante car on y retrouve Ă  la fois la prĂ©occupation pour ne pas dire l’acharnement qu’aura Freud Ă  retrouver la rĂ©alitĂ© de la scĂšne primitive dans l’histoire de l’Homme aux loups, mais aussi la certitude qu’aura MĂ©lanie Klein dans sa thĂ©orie, de la perception trĂšs tĂŽt par l’enfant de la sexualitĂ© de ses parents, Ă  l’époque indiquĂ©e par Freud. Le second extrait se trouve dans L’interprĂ©tation du rĂȘve 1900 oĂč il soulignait l’importance de la question paternelle. En parlant des patients susceptibles de mettre en doute certaines interprĂ©tations au cours de la cure analytique, Freud prĂ©cisait Je m’attends bien Ă  ce que ce genre d’accueil me soit rĂ©servĂ© lorsque je mets Ă  dĂ©couvert le rĂŽle insoupçonnĂ© que joue le pĂšre chez les malades du sexe fĂ©minin dans les motions sexuelles les plus prĂ©coces
Je pense pour confirmer cela Ă  tel ou tel exemple oĂč la mort du pĂšre s’était produite Ă  un Ăąge trĂšs prĂ©coce de l’enfant, et oĂč des incidents ultĂ©rieurs, inexplicables autrement, dĂ©montraient que l’enfant avait bel et bien inconsciemment conservĂ© des souvenirs de la personne qui lui avait Ă©tĂ© si prĂ©cocement ravie. » J’ajouterais pour ma part, l’intĂ©rĂȘt que joue le pĂšre aussi pour les patients de sexe masculin. Le troisiĂšme texte de Freud 1932 se trouve dans la 35Ăšme Nouvelle suite des leçons d’introduction Ă  la psychanalyse, D’une vision du monde. A propos de l’état de dĂ©tresse infantile, il parle de la protection apportĂ©e par le pĂšre et prĂ©cise plus exactement, sans doute l’instance parentale composĂ©e du pĂšre et de la mĂšre » comme dans Le moi et le ça », Ă  propos de l’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle, il avait apportĂ© la prĂ©cision Peut-ĂȘtre serait-il plus prudent de dire avec les parents ». Il souligne alors que l’ĂȘtre humain se sait en possession de forces plus grandes que dans son enfance mais aussi qu’il est restĂ© tout autant en dĂ©saide » et privĂ© de protection qu’à cette Ă©poque ; que face au monde, il est toujours un enfant ». Reconnaissant maintenant, poursuit Freud, que son pĂšre est un ĂȘtre Ă©troitement limitĂ© dans sa puissance et nullement pourvu de tous les mĂ©rites
 il remonte Ă  l’image mnĂ©sique du pĂšre de l’époque enfantine, tellement surestimĂ© par lui ; il Ă©lĂšve celle-ci au rang de divinitĂ© et lui fait prendre place dans le prĂ©sent et dans la rĂ©alitĂ©. » Il est intĂ©ressant de souligner que dans ce texte, Freud fait rĂ©fĂ©rence Ă  la dĂ©tresse infantile de l’enfant et au lien avec le pĂšre Ă  cette Ă©poque de la vie. De mĂȘme dans ce texte, il est fait allusion Ă  un pĂšre surestimĂ©, idĂ©alisĂ© dont on peut penser qu’il serait pour l’enfant, en lien avec un pĂšre tout puissant hĂ©ritĂ© du passĂ© phylogĂ©nĂ©tique. Ainsi, le pĂšre tout-puissant et son hĂ©ritage archaĂŻque seraient en lien profond avec le pĂšre de la dĂ©tresse infantile, celui de la toute petite enfance qui dans le meilleur des cas perdurera toute la vie, sous d’autres formes au grĂ© des rencontres avec d’autres hommes et continuera Ă  accompagner le sujet. Ce lien entre le pĂšre de l’hĂ©ritage archaĂŻque et le pĂšre de la quotidiennetĂ© confirme bien Ă©videmment la diffĂ©rence fondamentale, structurale avec la mĂšre, tout en prenant en compte les liens prĂ©coces du pĂšre et de l’enfant. Cela valide, lorsqu’on pense le pĂšre du dĂ©but de la vie psychique, la nĂ©cessaire intĂ©gration, prise en compte d’un pĂšre tyrannique des temps originaires issu de la phylogĂ©nĂšse tel que Freud l’a dĂ©fini, s’organisant dans le psychisme du sujet avec un pĂšre ontogĂ©nique » dont une des origines se situe dans la rĂ©alitĂ©, le pĂšre de la quotidiennetĂ© ». C’est ce dernier que j’ai appelĂ© par ailleurs de maniĂšre un peu caricaturale Le pĂšre primaire GĂ©rard, 2004. Il nous parait important de mettre en relief ce pĂšre du quotidien qui vit avec l’enfant car d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la question du pĂšre en psychanalyse est abordĂ©e dans la suite des travaux de Freud dans Totem et tabou, oĂč le pĂšre est considĂ©rĂ© principalement d’un point de vue phylogĂ©nĂ©tique, le meurtre du pĂšre de la horde primitive s’y dĂ©clinant alors en une culpabilitĂ© dont un des termes allait devenir sous la plume de Freud L’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle et par ailleurs le surmoi ; cela amenant Ă  considĂ©rer le pĂšre principalement d’un point de vue symbolique. Cette question du pĂšre du dĂ©but de la vie psychique a Ă©tĂ© abordĂ©e par plusieurs auteurs postfreudiens, Ă©videmment chacun Ă  leur maniĂšre. - On peut ainsi citer MĂ©lanie Klein 1928 et sa conception de l’OEdipe prĂ©coce, complĂ©tĂ© par ce qu’elle en dit Ă  la fin de son oeuvre en 1945 lorsqu’elle Ă©voque dans une note de son article Le complexe d’OEdipe Ă©clairĂ© par les angoisses prĂ©coces En m’attardant sur la relation fondamentale du petit enfant au sein maternel et au pĂ©nis paternel, et sur les situations d’angoisse et les dĂ©fenses qui en parviennent, je ne pense pas seulement Ă  des objets partiels. En fait ces objets sont associĂ©s dĂšs le dĂ©but dans la pensĂ©e de l’enfant, Ă  sa mĂšre, et Ă  son pĂšre. Les expĂ©riences quotidiennes avec les parents, la constitution de la relation inconsciente avec eux en tant qu’objets internes, viennent s’ajouter Ă  ces objets partiels primitifs et accroĂźtre leur relief dans l’inconscient de l’enfant ». C’est un point de vue intĂ©ressant puisque MĂ©lanie Klein dans cette citation prend en compte non seulement la fantasmatique inconsciente de l’enfant, mais aussi son vĂ©cu dans la rĂ©alitĂ©. - Jacques Lacan 1958 particuliĂšrement dans son sĂ©minaire Les formations de l’inconscient dans les trois chapitres La forclusion du nom du pĂšre, La mĂ©taphore paternelle, Les trois temps de l’OEdipe. Je voudrais souligner Ă  propos de cet auteur que, si on a put lui faire le reproche d’une thĂ©orie trop centrĂ©e sur la symbolique paternelle, on peut noter la position originale pour l’époque qu’il a par rapport Ă  ce qu’il appelle la symbolisation primordiale entre la mĂšre et l’enfant et qui me parait proche de la symbolisation primaire telle qu’on en parle aujourd’hui 
mĂȘme si elle est un ĂȘtre mal adaptĂ© Ă  ce monde de symbole ou qui en a refusĂ© certains Ă©lĂ©ments, cette symbolisation primordiale ouvre tout de mĂȘme Ă  l’enfant la dimension de ce que la mĂšre peut dĂ©sirer d’autre, comme on dit sur le plan imaginaire. C’est ainsi que le dĂ©sir de l’Autre fait son entrĂ©e
de façon concrĂšte
 ». N’est-ce pas lĂ  une formulation proche de la censure de l’amante » que je vais Ă©voquer en parlant de Michel Fain ? - Claude Le Guen 1975 et sa conception du non-mĂšre » Cet auteur s’est intĂ©ressĂ© lui aussi aux relations originaires de l’enfant particuliĂšrement sous l’angle du dĂ©veloppement du moi, ce qu’il appelle l’éveil du moi ». Pour Le Guen, le moi de l’enfant existe et se constitue en mĂȘme temps que l’objet, le tĂ©moin de cette Ă©tape du dĂ©veloppement en seraient les conditions du dĂ©clenchement de l’angoisse Ă  la vue de l’étranger. Cela se situerait entre six et neuf mois Ă  l’ñge de la survenue de la peur de l’étranger ». La mĂšre est dĂ©signĂ©e comme l’objet reconnu en tant que tel et pouvant donc ĂȘtre perdue. L’étranger troisiĂšme personnage est celui qui vient dĂ©signer cette perte sans ĂȘtre lui-mĂȘme investi comme objet prĂ©cise l’auteur. Il signifie la perte de la mĂšre et est la marque de son interdit. Le Guen le nomme non-mĂšre, pure nĂ©gativitĂ© souligne-t-il n’existant que par la non-existence de la mĂšre. L’auteur 
propose de considĂ©rer cette situation, telle qu’elle est postulĂ©e par la peur de l’étranger, comme Ă©tant l’expression d’un modĂšle structurant et organisateur celui du complexe d’ƒdipe originaire. » Ce non-mĂšre permettra d’étayer l’imago du pĂšre. - Piera Aulagnier. Dans son livre La violence de l’interprĂ©tation 1975, sa thĂ©orisation l’amĂšne Ă  considĂ©rer que le plaisir du corps de l’enfant apprend Ă  dĂ©couvrir un autre-sans-sein mais qui peut nĂ©anmoins se rĂ©vĂ©ler pour l’ensemble de ses zones fonctions Ă©rogĂšnes source de plaisir, devenir une prĂ©sence qu’on dĂ©sire, mĂȘme si elle est souvent la prĂ©sence qui dĂ©range. L’entrĂ©e du pĂšre sur la scĂšne psychique obĂ©it Ă  la condition universelle rĂ©glant cet accĂšs pour tout objet ĂȘtre source d’une expĂ©rience de plaisir qui en fait pour la psychĂ© un objet d’investissement. » - Michel Fain et son texte sur La censure de l’amante parle du dĂ©sir paternel ressenti d’emblĂ©e, ce qui nous parait bien rendre compte d’un pĂšre rĂ©el, important dans sa rencontre prĂ©coce avec l’enfant 
la mĂšre redevenant femme rompt l’identification primaire, et libĂšre de ce fait les potentialitĂ©s instinctuelles du ça de l’enfant. C’est ce qui m’a amenĂ© Ă  parler de la censure de l’amante s’exerçant d’emblĂ©e sur ces potentialitĂ©s susceptibles de gĂȘner le dĂ©sir paternel. Ainsi, dans de bonnes conditions, le ça de l’enfant se trouve prĂ©cocement confrontĂ© au dĂ©sir paternel. » Il me parait important de souligner que dans cette citation, Michel Fain parle du dĂ©sir paternel pouvant ĂȘtre ressenti directement par l’enfant ; dĂ©sir Ă  son Ă©gard et dĂ©sir pour la mĂšre. Il perçoit donc dĂšs cette Ă©poque la diffĂ©rence qualitative des dĂ©sirs de ses deux parents. - Jean-Luc Donnet qui dans son travail sur l’identification primaire considĂšre que celle-ci 
 dĂ©signerait, au sein des liens primitifs de la symbiose, un pĂŽle anti-çaĂŻque », prĂ©sexuel, prĂ©symbolique ». Il Ă©voque aussi le caractĂšre anaclitique du lien au pĂšre dans le texte de Freud Pour introduire le narcissisme, considĂ©rant que le pĂšre a toujours Ă©tĂ© dĂ©jĂ  lĂ , et s’il vient en second », c’est toujours dans une temporalitĂ© de l’aprĂšs-coup ». Cette rapide revue de textes de Freud et d’auteurs postfreudiens montre que ce pĂšre du dĂ©but est Ă©voquĂ© dans plusieurs travaux non nĂ©gligeables. Mais force nous est d’observer qu’on n’y fait que peu rĂ©fĂ©rence. Peut-ĂȘtre parce qu’une telle approche remettrait en question ce qui n’est pas le cas la dyade mĂšre-enfant qui est Ă  la base de bien des thĂ©ories psychanalytiques ? C’est dans cette perspective d’une approche plus systĂ©matisĂ©e des relations entre le pĂšre et l’enfant au dĂ©but de la vie psychique, que je situerai mon propos. Avec cette prĂ©cision que cet accent mis sur ces liens prĂ©coces n’écarte en rien la prĂ©valence des relations avec la mĂšre, que le principe gĂ©nĂ©ral de la triangulation apportĂ©e par les deux parents auprĂšs de l’enfant. De mĂȘme, cette idĂ©e ne remet pas en question le principe gĂ©nĂ©ral d’un pĂšre de la prĂ©maturitĂ© qui incarnerait dĂšs le dĂ©but l’ambivalence inhĂ©rente au complexe paternel, ce que la nĂ©vrose de contrainte met caricaturalement en relief le pĂšre impitoyable et le pĂšre adulĂ© ». Rappelons que Freud, reprenant les travaux d’Abraham, relie l’apparition des premiĂšres marques de l’ambivalence de l’identification primaire au stade sadique-oral. C’est cette phase de l’incorporation orale que Freud met Ă©troitement en lien avec l’identification primaire. Cela soulignĂ© pour prĂ©ciser une nouvelle fois la diffĂ©rence entre la relation pĂšre-enfant et mĂšre-enfant ; d’emblĂ©e, nous ne sommes pas dans le mĂȘme registre, mĂšre et pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s. Ce que Freud 1921 dĂ©veloppera dans le chapitre sur l’identification dans Psychologie des masses et analyse du moi, apportant des Ă©lĂ©ments essentiels. L’identification au pĂšre Ă©voquĂ©e dans un registre oedipien l’est aussi dĂšs le dĂ©but » L’identification est au demeurant ambivalente dĂšs le dĂ©but, elle peut tout aussi bien se tourner vers l’expression de la tendresse que vers le souhait de l’élimination. Elle se comporte comme un rejeton de la premiĂšre phase orale de l’organisation de la libido, dans laquelle on s’incorporait, par le fait de manger, l’objet dĂ©sirĂ© et prisĂ©, et ce faisant on l’anĂ©antissait en tant que tel. » Comme le disait Freud L’identification est la forme la plus prĂ©coce et la plus originelle de la liaison de sentiment », cela pouvant concerner la relation avec la mĂšre, mais aussi celle avec le pĂšre au dĂ©but de la vie. Dans ces liens de la prĂ©maturitĂ©, l’identification primaire joue un rĂŽle de premier plan et amĂšne, comme nous l’avons soulignĂ©, la marque d’une ambivalence d’emblĂ©e prĂ©sente dans la relation pĂšre-enfant. Cette caractĂ©ristique de la relation avec le pĂšre la diffĂ©rencie clairement de la relation primaire avec la mĂšre. Mais si l’on prend en compte ce lien pĂšre-enfant Ă  la mĂȘme Ă©poque et ses effets sur la psychĂ©, nous pouvons postuler que, sans remettre en question l’identification au pĂšre de la prĂ©histoire personnelle telle que Freud 1923 la dĂ©finit particuliĂšrement dans Le moi et le ça, l’identification au pĂšre pourrait, elle aussi, ĂȘtre dĂ©finie comme l’est l’identification primaire Ă  la mĂšre. Cette identification au pĂšre serait donc antĂ©rieure au choix d’objet, mais appartenant aussi Ă  cette catĂ©gorie de lien primaire dans lequel investissement d’objet et identification ne sont pas Ă  distinguer l’un de l’autre » pour reprendre la formule de Freud dans Le moi et le ça. On peut en effet penser, que la proximitĂ© avec le pĂšre inclut des vĂ©cus affectifs et sensoriels qui font trace dans le psychisme en devenir de l’infans. Freud parle ainsi dans la citation dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e D’une vision du monde 
d’image mnĂ©sique du pĂšre de l’époque enfantine. » Cette conception des relations avec le pĂšre est cohĂ©rente avec un point de vue Ă©conomique considĂ©rant que le narcissisme le plus prĂ©coce n’exclut pas la possibilitĂ© des investissements d’objet, comme cela est possible dans la relation avec la mĂšre. De mĂȘme, cette idĂ©e d’un pĂšre perçu dĂšs le dĂ©but par l’enfant n’est pas en contradiction avec le principe d’une dualitĂ© mĂšre-enfant parfois qualifiĂ©e de symbiose primaire ou de dyade. On peut en effet considĂ©rer que dans les stades du dĂ©but du dĂ©veloppement psychique, les objets mĂšre et pĂšre sont diffĂ©renciĂ©s dans la rĂ©alitĂ© au-dehors », ce que le moi du sujet ne peut encore percevoir comme tel du fait de sa maturation en cours. Ils ne sont donc pas nĂ©cessairement diffĂ©renciĂ©s au niveau du psychisme du sujet au-dedans », ce n’est qu’ultĂ©rieurement que se diffĂ©rencieront les imagos. A ce stade, il ne s’agit que de traces qui n’ouvriront sur une diffĂ©renciation interne qu’avec la construction progressive du moi. L’enjeu est important si on accepte de considĂ©rer que le pĂšre de la quotidiennetĂ©, affectif et corporel, a un rĂŽle dans l’apparition de ce pĂŽle prĂ©sexuel, prĂ©symbolique. L’affect est en effet essentiel dans ce temps mystĂ©rieux de l’aube de la vie psychique, ce dont rend bien compte la belle dĂ©finition du pictogramme chez Piera Aulagnier 1975 affect de la reprĂ©sentation et reprĂ©sentation de l’affect ». Un point essentiel nous parait ĂȘtre de considĂ©rer que si le sujet ne peut diffĂ©rencier les objets mĂšre et pĂšre, il peut sans doute trĂšs tĂŽt percevoir la diffĂ©rence de leur pulsionnalitĂ© du fait de relations corporelles, sensorielles, psychiques diffĂ©rentes. C’est dans cette perspective que s’inscrirait la perception du pĂšre dĂšs le dĂ©but par l’infans, non pas reconnu comme tel, mais dans une diffĂ©rence, prĂ©curseur des premiĂšres triangulations. Cet investissement pulsionnalisĂ© et diffĂ©renciĂ© du sujet par chaque parent, rencontrant la propre pulsionnalitĂ© du sujet, lequel ferait preuve d’une rĂ©ceptivitĂ© Ă  la pulsionnalitĂ© des objets primaires, comme Ă  la complexitĂ© de leurs modes de gestion de leurs mouvements pulsionnels, permettrait l’entrĂ©e dans le prĂ©symbolique et le prĂ©sexuel. Ce pĂšre du dĂ©but » tel que nous le dĂ©crivons, incarnĂ©, sensoriel, est Ă  diffĂ©rencier du pĂšre symbolique dont le rĂŽle est principalement de trianguler la relation avec la mĂšre sur le principe de la conflictualitĂ© Ɠdipienne. Il est aussi Ă  diffĂ©rencier du pĂšre de l’ƒdipe prĂ©coce de MĂ©lanie Klein car dans ma façon de voir les choses, l’infans perçoit la diffĂ©rence de pulsionnalitĂ© de ses deux parents avant de percevoir l’aspect sexuel et Ɠdipien de leur lien. Ce pĂšre n’est pas non plus le pĂšre dans la tĂȘte de la mĂšre » qui est en fait un pĂšre Ɠdipien, organisĂ© Ă  partir du complexe d’ƒdipe de la mĂšre. Ce n’est pas un rival de la mĂšre, ni un substitut, ni un pĂšre mimant la mĂšre dans un rĂŽle maternant, il est identifiĂ© auprĂšs de l’enfant par son investissement et sa propre pulsionnalitĂ©. Comme on le voit, il y a plusieurs pĂšres, celui du dĂ©but de la vie de l’enfant que j’ai appelĂ© pĂšre primaire », le pĂšre symbolique qui triangule par principe et bien sĂ»r dans la rĂ©alitĂ©, le pĂšre dans la tĂȘte de la mĂšre » qui lui permet bien Ă©videmment d’assurer la loi et la triangulation en l’absence du pĂšre ou d’un de ses substituts. Dans cette perspective, nous retrouvons les dĂ©veloppements du rapport du CongrĂšs de 2013 de Christian Delourmel sur ce qu’il appelle le couple inhibition/tiercĂ©isation. Je pense en effet que la relation avec ce pĂšre du dĂ©but de la vie psychique conditionne l’élaboration des symbolisations primaires que je dĂ©finis comme organisatrices du moi corporel, prises dans la relation affective avec l’objet, organisant les premiĂšres diffĂ©renciations dedans/dehors, contenant/contenu, bon/mauvais. Ce qui permet alors la diffĂ©renciation du moi-rĂ©el dĂ©finitif Ă  partir du moi-plaisir initial tel que Freud 1925 le dĂ©finit dans La nĂ©gation. Ces symbolisations primaires permettront l’élaboration des premiĂšres triangulations. Dans ma façon de concevoir ces premiers temps de la vie psychique, une atteinte portĂ©e aux symbolisations primaires aurait pour consĂ©quence une source de confusion au niveau du moi naissant liĂ©e aux difficultĂ©s dans les diffĂ©renciations contenant/contenu empĂȘchant alors cette fin de la mobilitĂ© de la pulsion » dont parle Freud dans Pulsions et destins des pulsions. C’est dans ce manque que s’organiserait la pathologie des premiĂšres inhibitions avec des suites possibles sur les processus de refoulement, l’élaboration de la conflictualitĂ© Ɠdipienne et les inhibitions secondaires. Dans ma conception de l’inhibition primaire GĂ©rard 2009, je suis proche Ă  la fois de la conception de Freud 1895 dans L’Esquisse d’une psychologie scientifique oĂč le moi se voit investi de la fonction d’inhiber les processus primaires, et en accord avec la dimension Ă©conomique de limite du passage de quantitĂ© telle qu’elle sera dĂ©veloppĂ©e dans la 2Ăšme topique. Les liens entre l’inhibition et les processus primaires sont en effet Ă©voquĂ©s par Freud dans L’esquisse dans ce qu’il appelle Ă  cette Ă©poque expĂ©rience de satisfaction ». Le moi se voit investi de la fonction d’inhiber les processus primaires consistant en une libre circulation de l’excitation jusqu’à l’image. L’inhibition a ainsi trĂšs tĂŽt une fonction essentielle, liĂ©e Ă  l’état de dĂ©tresse infantile, Ă  l’ Hiflosigkeit », au plus proche de la naissance psychique. Il y a lĂ  une dimension Ă©conomique de limite de passage de quantitĂ© dont on sait l’importance qu’elle aura dans la 2Ăšme topique, prenant toute sa valeur dans les pathologies traumatiques, narcissiques et limites. Mais la notion d’inhibition renvoie bien sĂ»r aussi, Ă  la conception freudienne de 1926 d’Inhibition, symptĂŽme et angoisse, Ă  une forme de renoncement mettant au premier plan une fonction du moi faisant l’économie d’un conflit ou Ă©vitant les consĂ©quences des processus de refoulement, ce dont le patient Ă©tat-limite serait privĂ©, le laissant ainsi confrontĂ© Ă  ses angoisses du fait de la difficultĂ©, voire de l’impossibilitĂ© Ă  constituer des symptĂŽmes. On rencontre ainsi chez ces patients des angoisses sans objet ou encore la difficultĂ© de constituer des phobies dans l’enfance. Cet Ă©vitement du refoulement amĂšne Ă  considĂ©rer ce qui se passe antĂ©rieurement Ă  ce processus, et donc Ă  s’interroger sur les relations possibles entre l’inhibition et l’intĂ©gration des premiĂšres expĂ©riences. Au-delĂ  des relations de l’inhibition avec le moi, la question se poserait des liens entre l’inhibition et des mĂ©canismes telle que l’identification primaire, donc bien avant la pĂ©riode Ɠdipienne. À l’inverse, pourront aussi se dĂ©velopper des formes d’excitation psychique retrouvĂ©es dans la pathologie de certains enfants en difficultĂ© et des patients Ă©tats-limite. En effet, les premiers freinages pulsionnels, ainsi que les prĂ©mices de la rencontre avec l’objet qui sera progressivement perçu et diffĂ©renciĂ©, dĂ©coulent de la qualitĂ© de ces premiĂšres inhibitions. On peut en effet imaginer qu’une atteinte portĂ©e Ă  ces Ă©lĂ©ments, laisse le sujet dans une forme d’excitation qui ne permet pas les diffĂ©renciations les plus Ă©lĂ©mentaires ; cet ensemble conditionnĂ© par l’inhibition primaire peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un prĂ©alable Ă  la mise en place du fantasme de scĂšne primitive, dont on connait l’importance pour le dĂ©veloppement de la conflictualitĂ© Ɠdipienne. Les troubles des premiĂšres diffĂ©renciations moi-rĂ©el, moi-plaisir pourraient porter atteinte Ă  l’instauration de ce fantasme originaire en empiĂ©tant sur la possibilitĂ© d’instaurer un fantasme de scĂšne primitive uniquement fantasmatique GĂ©rard, 2010. Comme si une forme de doute s’instaurait, amenant le sujet Ă  un accrochage dans le perceptif qui prendrait alors le pas sur l’endopsychique, pouvant perdurer tout au long de la vie comme dans le cas des patients Ă©tats limite. C’est ce qui amĂšnerait ces patients Ă  toujours rechercher un contact perceptif avec l’analyste, rendant ainsi parfois difficile le passage au cadre classique divan-fauteuil ; la disparition de l’analyste du champ visuel du patient renvoyant sans doute ce dernier Ă  des troubles des premiĂšres symbolisations telles que nous les avons dĂ©finies. Je reviens Ă  la question des premiĂšres symbolisations. Leur qualitĂ© conditionne l’accĂšs aux symbolisations secondaires. Ces derniĂšres sont les symbolisations qui permettent l’entrĂ©e dans le monde secondarisĂ©, et Ă  l’enfant d’accĂ©der aux apprentissages et Ă  un monde fantasmatique nuancĂ© et apaisĂ©. En derniĂšre extrĂ©mitĂ©, leur dysfonctionnement, leur manque jusqu’à la question de la forclusion conduit le sujet vers la psychose. Mais cette question des symbolisations primaires et secondaires est Ă  aborder de maniĂšre plus nuancĂ©e et plus compliquĂ©e car elle apparait frĂ©quemment dans notre clinique sous des formes plus discrĂštes. Sans doute tout d’abord dans la clinique des enfants dysmatures, hypermatures, ou plus encore dysharmoniques, dont le moi s’est dĂ©veloppĂ© de maniĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne donnant le sentiment d’un fonctionnement bancal. Ce sont des enfants qui prĂ©sentent des rĂ©sultats complexes, lorsqu’ils passent un bilan psychologique, les performances sont en dĂ©calage avec les aspects affectifs, Ă©motionnels de la personnalitĂ©. Il s’agit lĂ  probablement du dĂ©veloppement de symbolisations secondaires Ă©tayĂ©es par des symbolisations primaires constituĂ©es dans des conditions de dĂ©but de vie difficiles pour l’enfant. On retrouve ce type de difficultĂ©s chez les patients adultes souffrant de troubles narcissiques, ceux qu’on appelle les Ă©tat-limite, pouvant par exemple prĂ©senter une rĂ©ussite sociale importante avec parfois des postes de haute responsabilitĂ© et qui par ailleurs se retrouvent dans des situations personnelles, Ă©motionnelles, compliquĂ©es et douloureuses, confrontĂ©s aussi Ă  des angoisses souvent sans objet. On reconnait lĂ  rapidement dĂ©crits, les patients rencontrĂ©s dans la clinique actuelle. LĂ  encore, les aspects dysharmoniques de leur personnalitĂ© Ă©voquent un dĂ©veloppement dans lequel les alĂ©as de l’organisation des premiĂšres symbolisations n’ont pas permis un dĂ©veloppement harmonieux de la personnalitĂ©. Cela permet de s’interroger sur le fait que les patients Ă©tat-limite rencontrĂ©s dans la clinique adulte pourraient ĂȘtre les enfants dysharmoniques rencontrĂ©s dans les consultations pour enfant. Avec comme arguments que les uns comme les autres, outre les troubles des symbolisations primaires Ă©voquĂ©s, prĂ©sentent des carences des processus de refoulement, des difficultĂ©s d’entrĂ©e dans la conflictualitĂ© Ɠdipienne, une qualitĂ© d’angoisse souvent sans objet. Bien sĂ»r, il n’est pas nouveau de mettre ainsi l’accent sur la qualitĂ© des premiĂšres relations objectales dans les processus de symbolisation. Mais je voudrais aussi mettre en relief le rĂŽle de ces symbolisations primordiales dans le deuil des objets primaires et dans les dĂ©fenses maniaques. Peut-ĂȘtre devrions-nous parler plutĂŽt de deuil des reprĂ©sentations des objets primaires, puisqu’au moment oĂč ces questions se posent chez les patients adultes, ce sont des objets inconscients. Mais l’important est que ces symbolisations primordiales ont une fonction essentielle dans la diffĂ©renciation de l’objet et en consĂ©quence sur l’individuation du sujet puisqu’elles permettent les premiĂšres diffĂ©renciations contenant-contenu. On peut aussi faire l’hypothĂšse que la persistance dans l’inconscient d’imagos indiffĂ©renciĂ©es est en lien avec cette pathologie du deuil primaire. Si le pĂšre ne peut tenir une place suffisamment organisatrice d’une triangulation prĂ©coce de bonne qualitĂ© au dĂ©but de la vie, il y aurait alors une atteinte portĂ©e aux premiĂšres symbolisations gĂ©nĂ©rant comme nous l’avons Ă©voquĂ© une forme de confusion au niveau du moi du fait des difficultĂ©s Ă  diffĂ©rencier le contenant et le contenu. C’est dans ce manque que s’enracinerait la pathologie de l’inhibition, ce que nous avons retrouvĂ© dans notre clinique lorsque le pĂšre reste mystĂ©rieusement endeuillĂ© depuis toujours. » Les identifications primaires dont il est porteur sont alors infiltrĂ©es par ses propres identifications dĂ©pressives, en fait le plus souvent mĂ©lancoliques dans les cas les plus graves. La confusion est une source d’inhibition. Un trouble des premiĂšres inhibitions en serait la consĂ©quence sur le modĂšle du couple inhibition-dĂ©pression du monde secondarisĂ©. Le cas de l’Homme aux loups va dans ce sens, Ă©voquant un enfant confrontĂ© Ă  un pĂšre dĂ©primĂ©, voire mĂ©lancolique. Ces identifications possibles Ă  l’objet de l’objet ou aux identifications des parents, rendent compte d’une perspective transgĂ©nĂ©rationnelle et de transmission de troubles apparemment magiques pouvant sauter une ou plusieurs gĂ©nĂ©rations. S’il est vrai que dans l’histoire de l’Homme aux loups tel que Freud l’évoque, le phylogĂ©nĂ©tique fut un recours pour lui lorsqu’il voulut prouver la pertinence de ses thĂ©ories sur la scĂšne originaire, l’exemple de ce cĂ©lĂšbre patient de Freud renvoie aussi Ă  l’importance du pĂšre de la rĂ©alitĂ©. On se souvient Ă  ce propos que le pĂšre de SerguĂ« fut un pĂšre trĂšs prĂ©sent et trĂšs proche de son fils. Un pĂšre primaire » pourrait-on dire, trĂšs attentif Ă  tout ce qui concernait son fils prĂ©cocement. On peut se rappeler aussi de la mĂšre dĂ©crite implicitement comme un objet primaire carenciel. Le cas de l’Homme aux loups me parait illustrer de maniĂšre Ă©vidente le fait que les pathologies ne sont pas toujours en lien avec la relation maternelle prĂ©coce. On y retrouve une mĂšre apparemment froide et un pĂšre mĂ©lancolique ou presque. Incidences sur la clinique. Un des intĂ©rĂȘts de suivre mon point de vue pourrait ĂȘtre de considĂ©rer qu’il ouvrirait sur la clinique. Je vais reprendre le 1er cas d’un des rapports du CongrĂšs sur le Paternel, celui de Christian Delourmel, pour illustrer mon propos. L’hypothĂšse d’une diffĂ©renciation de la pulsionnalitĂ© perçue prĂ©cocement par le sujet dĂšs le dĂ©but de la vie psychique comme je l’ai Ă©voquĂ©e, permet de penser qu’elle se retrouverait dans la relation transfĂ©rentielle de la cure psychanalytique. De la mĂȘme maniĂšre qu’on peut parler d’un transfert paternel et d’un transfert maternel, il serait possible de considĂ©rer que les transferts archaĂŻques rencontrĂ©s dans les traitements des patients Ă©tat-limite et des enfants en grande difficultĂ© ne sont pas indiffĂ©renciĂ©s ils pourraient s’organiser dans un registre de transfert maternel primaire mais aussi dans un registre de transfert paternel primaire. Dans son rapport, l’auteur nous parle d’un patient dont les difficultĂ©s ont commencĂ© dĂšs la toute petite enfance Ă©nurĂ©sie, encoprĂ©sie, troubles du langage, anorexie, hypothĂšse d’une capsule autistique », troubles s’étant ensuite dĂ©veloppĂ©s tout au long de sa vie. L’absence de rĂȘve et les activitĂ©s dĂ©bordantes amĂšnent Ă  s’interroger sur la qualitĂ© des inhibitions du dĂ©but de la vie telles que je les ai Ă©voquĂ©es et sur les premiers freinages pulsionnels. Un manque dans les premiĂšres triangulations aurait-il portĂ© atteinte Ă  l’organisation des symbolisations primordiales ? Le cocon, la capsule dans laquelle il se sent enfermĂ©, renverraient-ils Ă  un impossible deuil de l’objet primaire, un enfermement avec une imago indiffĂ©renciĂ©e jusqu’à la rencontre avec son analyste ? Pourrait-on entendre cette extraction de la vielle carcasse de homard » comme un travail dans le registre d’une relation transfĂ©rentielle paternelle telle que je viens de la dĂ©finir, permettant ce deuil et une sortie de cette relation pathogĂšne ? Les rĂ©sultats de ce travail dans le contexte de ce transfert particulier ouvrent Ă  la diffĂ©renciation des imagos maternelle et paternelle. Ce qui est visible lorsque le patient Ă©voque Mon pĂšre, transparent, collĂ©, englobĂ© Ă  ma mĂšre
 » et qu’ensuite, aprĂšs qu’ait pu ĂȘtre Ă©laborĂ© le fantasme de scĂšne primitive, apparait clairement la reprĂ©sentation des deux parents. Un exemple d’interprĂ©tation illustrant cette hypothĂšse pourrait ĂȘtre ce que dit l’analyste lorsque le patient Ă©voque une nouvelle fois la scĂšne du dĂ©shabillage de la mĂšre. L’auteur du rapport se souvient Ă  ce moment d’une sĂ©ance au cours de laquelle le patient avait parlĂ© de son pĂšre rĂ©parant un mur et lui dit Vous aligniez vos formules de maths comme votre pĂšre montait des briques, pour mettre un mur entre votre mĂšre et vous ? Pour qu’elle ne lise pas dans votre regard un dĂ©sir de mĂąle ? Comme le mur de paroles que vous montez ici entre vous et moi ? » De notre point de vue l’analyste se place avec cette interprĂ©tation comme triangulant la relation mĂšre-fils dans un transfert paternel primaire puisque l’interprĂ©tation de Delourmel Ă  propos de ce mur de paroles montĂ© entre le patient et lui, fait Ă©cho aux propos de Mr H qui disait qu’il se sentait envahi par le corps de sa mĂšre » quand il avait Ă©voquĂ© ce souvenir. Par ailleurs, du point de vue de son contre-transfert, l’auteur du rapport ne se situe-t-il pas lĂ  encore dans une position paternelle telle que nous la dĂ©finissons, lorsqu’il s’interroge sur le discours mur du son – mur de sons » de son patient ayant eu pour fonction d’assurer, dans la situation analytique, celle d’un mur-Ă©cran-bouclier opaque interne visant Ă  le protĂ©ger d’une imago de mĂšre phallique projetĂ©e sur l’analyste » ? Une triangulation prĂ©coce dans le transfert pourrait-on dire. L’intĂ©rĂȘt du repĂ©rage d’un transfert dont la qualitĂ© pourrait ĂȘtre qualifiĂ©e de paternel primaire est de permettre d’envisager une stratĂ©gie interprĂ©tative diffĂ©rente d’un registre de transfert archaĂŻque de type maternel. SchĂ©matiquement, le premier se situerait dans un contexte triangulant et sĂ©parateur c’est l’exemple dans le cas du patient de Christian Delourmel quand le second serait globalement plus contenant. Pour terminer et pour rĂ©sumer J’ai soulignĂ© l’importance accordĂ©e au pĂšre de la prĂ©histoire et particuliĂšrement au pĂšre de la quotidiennetĂ©. Ce pĂšre de la rĂ©alitĂ© affective et corporelle de l’enfant m’apparait en effet important Ă  prendre en compte dans sa contribution Ă  l’élaboration des symbolisations primaires, des triangulations prĂ©coces, des premiers freinages pulsionnels et de l’élaboration des prĂ©mices du fantasme de scĂšne originaire. Dans cette perspective, la perception par l’enfant dĂšs le dĂ©but de la vie psychique, de la diffĂ©rence de la pulsionnalitĂ© maternelle et paternelle, me semble un Ă©lĂ©ment essentiel de la discussion. L’hypothĂšse d’une diffĂ©renciation des transferts archaĂŻques en transfert maternel primaire et paternel primaire en dĂ©coulerait. Sa reconnaissance par l’analyste peut permettre une ouverture dans la cure analytique des patients Ă©tats limite et des enfants en grande difficultĂ©, pour lesquels les analystes sont parfois dĂ©munis, confrontĂ©s au caractĂšre dĂ©sorganisĂ© et dĂ©sorganisant de certains transferts archaĂŻques, préƓdipiens. ConfĂ©rences d’introduction Ă  la psychanalyse, 13 FĂ©vrier 2014 RĂ©fĂ©rences bibliographiques Aulagnier P. 1975, La violence de l’interprĂ©tation, PUF. Delourmel C., 2013, De la fonction du pĂšre au principe paternel, Revue Française de Psychanalyse, t. LXXVII, spĂ©cial congrĂšs. Donnet 1995, Surmoi I, Monographies de la Revue Française de Psychanalyse, PUF. Fain M., 1971, PrĂ©lude Ă  la vie fantasmatique, RFP, vol. 35, n° 2-3. Freud S., 1897, Lettre Ă  Fliess 123 – 6avril 1896, PUF, 2006. Freud S. 1921, Psychologie des masses et analyse du moi, OCF, XVI, Paris, Puf, Freud S. 1923, Le Moi et le Ça, OCF, XVI, Paris, Puf. Freud S. 1925, La nĂ©gation, OCF, XVII, Paris, Puf. Freud S. 1932, D’une vision du monde, 35Ăšme Nouvelle suite des leçons d’introduction Ă  la psychanalyse, OCF t. XIX, p. 247, Paris, Puf. GĂ©rard C. 2004, Le pĂšre, un objet primaire, Revue Française de Psychanalyse, vol. 68, n° 5 spĂ©cial congrĂšs. GĂ©rard C. 2009, L’inhibition et ses liens avec le pĂšre primaire, Revue française de psychanalyse, n°2, pp 369-385. GĂ©rard C. 2010, Les triangulations prĂ©coces, un prĂ©alable Ă  la scĂšne primitive, Revue Française de Psychanalyse, t. LXXIV, n° 4. Klein M., 1945, Le complexe d’OEdipe Ă©clairĂ© par les angoisses prĂ©coces, in Essais de psychanalyse, Payot, 1968 Lacan J., 1958, Les trois temps de l’ƒdipe, in Le SĂ©minaire livre IV, Les formations de l’inconscient, Seuil.
PrĂ©sentation L’adolescence rĂ©actualise les enjeux du lien pĂšre-fils Ɠdipien mais aussi préƓdipien. Les dĂ©sirs incestueux et parricides du pĂšre et du fils sont alors rĂ©activĂ©s. De la rĂ©solution de ceux-ci dĂ©pend la disparition de troubles potentiels liĂ©s Ă  la proximitĂ© rĂ©elle et fantasmatique entre le pĂšre et le fils.
Abstract Index Outline Author's notes Text Bibliography Notes References About the author Abstracts Il s’agit de tirer quelques enseignements de la discussion relativement oubliĂ©e, entre Claude LĂ©vi-Strauss et Jacques Lacan. Le problĂšme porte essentiellement autour de la dĂ©finition de la notion du symbolique pour les deux auteurs puisque cette notion est toujours paradigmatique dans les deux disciplines, que sont l’anthropologie et la psychanalyse, sans pour autant ĂȘtre vĂ©ritablement Ă©quivalente. Il s’agit d’éclairer ces rapports disciplinaires, tant au niveau Ă©pistĂ©mologique qu’au niveau historique, notamment Ă  partir des donnĂ©es de la clinique psychanalytique, comparables, dans une certaine mesure, aux problĂšmes relatifs au terrain ethnographique. Car au delĂ  de leurs diffĂ©rences, la psychanalyse et l’anthropologie, n’ont‑elles pas en partage le paradigme symbolique contre le rĂ©ductionnisme naturaliste ou cognitivo‑comportemental qui prĂ©tend aujourd’hui monopoliser l’espace de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mique ? This article aims to draw some lessons from a relatively forgotten discussion between Claude LĂ©vi-Strauss and Jacques Lacan. The problem is essentially that of the definition of the symbolic order symbolique. Indeed, this notion is always paradigmatic in their respective disciplines, without really being equivalent. Beyond their differences, do not psychoanalysis and anthropology share the symbolic paradigm against a naturalist or cognitive-behavioural reductionism that claims nowadays to monopolize the space of epistemic legitimacy? The article aims to clarify these disciplinary relations, on the epistemic level well as on the historical level, in particular using data from psychoanalytical psychiatry, which are partly comparable to problems relating to ethnographic fieldwork. Top of page Author's notes Je remercie chaleureusement RĂ©mi Bordes, sans qui, le prĂ©sent article n’aurait pas pu voir le jour, ni mĂȘme ĂȘtre Ă©crit. Ce dernier s’inscrit dans l’ouvrage collectif qu’il a dirigĂ©, Dire les maux 2008. Full text J’ai posĂ© la question suivante – le fonctionnement de la PensĂ©e sauvage, mis par LĂ©vi‑Strauss Ă  la base des statuts de la sociĂ©tĂ©, est un inconscient, mais suffit‑il Ă  loger l’inconscient comme tel ? Et s’il y parvient, loge‑t‑il l’inconscient freudien ? Lacan, 1990 [1964] 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’op ... 1On a souvent tendance Ă  oublier qu’à cette charniĂšre du XIXe et du XXe siĂšcle qui voit l’avĂšnement de nos sciences humaines actuelles, il Ă©tait alors question plutĂŽt de sciences de l’homme » et non pas de sciences humaines ». Le glissement sĂ©mantique, on le sait, a toute son importance puisqu’il signe un changement de paradigme celui d’une anthropologie biologique Ă  une anthropologie qui s’intĂ©resse Ă  la dimension symbolique1. 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psyc ... 2Or historiquement, la psychanalyse occupe une place assez singuliĂšre parmi les autres sciences humaines » elle se tient, pourrait‑on dire, sur le front » d’un champ de bataille par lequel celles‑ci se dĂ©tachĂšrent du paradigme naturaliste. En effet, Ă  l’époque de Freud, le monopole de la lĂ©gitimitĂ© psychiatrique Ă©tait dĂ©tenu par une clinique biomĂ©dicale dominĂ©e par la doctrine de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de Kraepelin, la psychophysiologie et le scientisme en gĂ©nĂ©ral2. LĂ  oĂč par dĂ©finition, l’on n’avait affaire qu’à des corps‑objets » ou Ă  des comportements, la psychanalyse va s’occuper de la parole du sujet » et introduire la dimension du symbolique. DĂšs son apparition, cette discipline eut certainement, plus que toute autre de ses consƓurs, Ă  croiser le fer avec les conceptions naturalistes ou scientistes qui constituaient par dĂ©finition l’horizon Ă©pistĂ©mologique, oĂč pourtant elle entendait se dĂ©ployer – rappelons que Freud, contrairement Ă  la plupart des fondateurs des sciences humaines, n’était pas philosophe3, mais mĂ©decin, et il en fut de mĂȘme pour Lacan. À cet Ă©gard, l’avĂšnement de l’anthropologie culturelle relĂšve davantage d’une coupure Ă©pistĂ©mologique et institutionnelle que du combat de rue » que dĂ»t mener dans son domaine la psychanalyse, et qu’elle doit mener encore Ă  l’heure actuelle pour exister elle est d’abord et toujours une immixtion dans le terrain de la psychiatrie biomĂ©dicale, elle est aussi un geste critique contre tout rĂ©ductionnisme scientifique, fĂ»t‑il aujourd’hui comportemental ou cognitiviste. C’est Ă  partir de cette idĂ©e selon laquelle il existe une certaine exemplaritĂ© Ă©pistĂ©mologique de sa situation que nous souhaitons commencer notre investigation. 3En effet, si l’on admet que la psychanalyse, plus que toute autre discipline, eut Ă  s’affronter aux rĂ©ductionnismes et aux scientismes de toutes sortes et que c’est sa condition mĂȘme, l’élucidation de cette situation, tout en jetant quelques lumiĂšres sur la nature de son paradigme symbolique », ne pourrait‑elle pas, par la mĂȘme occasion, jeter aussi quelques lumiĂšres sur le paradigme symbolique » anthropologique ? Car s’il est vrai que le symbolique » du psychanalyste n’est pas exactement la mĂȘme chose que le symbolique » de l’anthropologue, et que se marque par lĂ  une grande partie de leurs diffĂ©rences disciplinaires que tous deux dĂ©fendent bien souvent becs et ongles », il n’en demeure pas moins que tous deux reconnaissent Ă  cette catĂ©gorie une valeur Ă©pistĂ©mologique fondamentale, ne serait‑ce, a minima, que pour se distinguer des perspectives naturalistes, biomĂ©dicales et scientistes. Donc, qu’en est‑il de cette notion de symbolique » que manipule aussi bien l’anthropologue que le psychanalyste ? Il semble important de revenir aux fondements de ce paradigme, dans la mesure oĂč il est ce qui les rassemble, d’un certain point de vue, en une mĂȘme communautĂ© scientifique ». 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’au ... 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 conc ... 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoi ... 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalys ... 4Enfin, last but not least, ce questionnement Ă©pistĂ©mologique fondamental, au‑delĂ  de son intĂ©rĂȘt spĂ©cifique, paraĂźt d’autant plus pertinent qu’on assiste aujourd’hui prĂ©cisĂ©ment Ă  ce qu’il faut bien appeler une renaissance du scientisme. Si les sciences humaines purent s’en dĂ©faire au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle comme nous l’avons Ă©voquĂ©, force est de constater qu’il est de nouveau de mode dans toutes les disciplines. On le trouve aussi bien Ă  l’Ɠuvre dans l’anthropologie cognitiviste, telle celle que Dan Sperber dĂ©veloppe depuis les annĂ©es 90 Sperber, 1987, 1996, et selon laquelle il n’y a pas d’exception aux lois de la physique » puisque dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel »4 de telles dĂ©clarations laissent songeur
5, qu’en psychologie, oĂč se dĂ©veloppe l’approche cognitivo‑comportementaliste. Par exemple, pour Varela ou Dortier, l’inconscient ne peut ĂȘtre que cognitif, c’est‑à‑dire confondu avec les automatismes mentaux » Dortier, 1999 ; Varela, Thompson & Rosch, 1999. Il est Ă©vident que ces courants relĂšvent d’un phĂ©nomĂšne rĂ©pandu. Il s’agit explicitement d’éradiquer la psychanalyse du champ de la lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique et clinique6, tout comme l’anthropologie cognitive cherche Ă  arraisonner l’anthropologie culturelle et symbolique. Et n’est‑ce pas ce que fait aussi la biomĂ©decine lorsque, contre l’anthropologie mĂ©dicale, elle prĂ©tend garder le monopole de la lĂ©gitimitĂ© thĂ©rapeutique ? Ce sont les mĂȘmes tendances que l’on constate dans le champ psy » et dans le champ anthropologique7. Les interrogations Ă©pistĂ©mologiques que nous tenterons de soulever sont donc d’autant plus d’actualitĂ© que tous ces nouveaux » courants partagent un certain idĂ©al de science avec les sciences naturelles, duquel nos disciplines se distinguent. Ce questionnement sur le paradigme symbolique s’inscrit dans une certaine urgence par rapport Ă  un contexte thĂ©orique et politique dont on comprendra que l’on ne pouvait le passer sous silence. 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablemen ... 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de mani ... 5Il se trouve que la dĂ©finition de cette fonction symbolique » fut discutĂ©e par deux des figures les plus illustres de l’anthropologie et de la psychanalyse Lacan et LĂ©vi‑Strauss. On a gĂ©nĂ©ralement coutume d’associer ces deux Ɠuvres sous la houlette du paradigme structuraliste8 ainsi certaines divergences pourtant essentielles, qui tiennent Ă  une certaine vision du langage, des mots et de leur rapport Ă  la vĂ©ritĂ©, ne sont pas explorĂ©es9. C’est la raison pour laquelle nous reprendrons certains aspects mĂ©connus de la discussion disciplinaire qui eut lieu entre Lacan et LĂ©vi‑Strauss, autour de la dĂ©finition de cette fonction symbolique ». PrĂ©cisons d’emblĂ©e qu’il ne s’agit Ă©videmment pas de rĂ©duire l’anthropologie Ă  LĂ©vi‑Strauss, ni la psychanalyse Ă  Lacan il s’agit simplement de reprendre un dĂ©bat dont certains aspects semblent relativement oubliĂ©s, alors qu’ils sont nĂ©anmoins sans doute des plus fructueux et des plus propices pour tenter d’éclairer certains problĂšmes Ă©pistĂ©mologiques fondamentaux dans nos disciplines, et notamment celle de leur scientificitĂ©. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent men ... 6Les rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse, on le sait, furent houleux, parfois fĂ©conds10. Malheureusement, ils furent le plus souvent de part et d’autres marquĂ©s par le sceau du soupçon. Pourtant, on ne peut nier une certaine similaritĂ© entre les deux dĂ©marches la situation ethnographique vise Ă  explorer les contextes qui permettent de rendre intelligibles les savoirs et les pratiques d’un groupe social ; l’approche analytique opĂšre, en quelque sorte, de la mĂȘme maniĂšre par rapport au sujet car qu’est‑ce donc que la clinique sinon son terrain » ? 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© gran ... 7Une des rĂ©centes tentatives pour fonder une nouvelle anthropologie psychanalytique » a proposĂ© un socle Ă©pistĂ©mologique Ă  partir duquel il s’agissait de dĂ©finir la pertinence d’un croisement des deux disciplines Bidou, 2001 ; Juillerat, 2001 ; Galinier, 1997. Mais tout en reconnaissant le mĂ©rite Ă©vident de ce projet, on remarque que cette initiative Ă©mane d’abord d’anthropologues qui s’intĂ©ressent Ă  la psychanalyse, et non l’inverse. C’est ainsi que leur point de vue n’est pas d’abord clinique, ce que l’on ne saurait Ă©videmment leur reprocher. De plus, la rĂ©fĂ©rence Ă  Lacan est relativement peu exploitĂ©e11. Or, sans pour autant succomber au lacano‑centrisme », nous voudrions montrer ici que, dans la clinique telle que l’élabora Lacan, rĂ©sident des enjeux Ă©pistĂ©mologiques cruciaux et assez irrĂ©ductibles concernant la nature du symbolique ». Loin de pouvoir ĂȘtre rapportĂ©s Ă  l’épistĂ©mologie de LĂ©vi‑Strauss, ces deniers ne sont pas sans rappeler les questionnements rĂ©flexifs relatifs Ă  l’obtention des donnĂ©es de terrain soulevĂ©es par les anthropologues contemporains. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts l ... 8En effet, pour Ă©rudits qu’il furent, les anthropologues fondateurs, Ă©taient avant tout des anthropologues de cabinet » ils compilaient les donnĂ©es collectĂ©es par d’autres, Ă  partir desquelles ils Ă©chafaudaient leurs thĂ©ories. Or cette posture mĂ©thodologique » ne fut pas sans effet, et c’est peut‑ĂȘtre l’anthropologie contemporaine ou plus particuliĂšrement celle que l’on appelle postmoderne – Favret-Saada, 197712 qui dĂ©masqua le plus brillamment les illusions de l’ancienne mĂ©thode en exhibant les questions problĂ©matiques du terrain ethnographiques. Non seulement les catĂ©gories sociales classiques ne sont pas lĂ©gitimes puisqu’elles tendent Ă  rĂ©ifier les agents sociaux, mais de surcroĂźt ces derniers s’avĂšrent aussi ĂȘtre des acteurs capables de stratĂ©gies et impliquĂ©s dans des jeux de langage dans lequel l’ethnologue, lui‑mĂȘme, se trouve pris. Or, on peut avancer qu’à l’instar du terrain ethnographique tel qu’il se pratique aujourd’hui, la possibilitĂ© de toute clinique repose prĂ©cisĂ©ment sur de semblables jeux de langage et sur la place qu’y prennent le sujet et son analyste. On pourrait dire que, en quelque sorte, c’est ce que Lacan explorera notamment sous le thĂšme de l’éthique de la psychanalyse ». Mais ce questionnement n’était-il pas inĂ©luctable Ă  partir du moment oĂč le pĂšre fondateur de la psychanalyse, invente sa discipline prĂ©cisĂ©ment au contact de son terrain », la clinique de l’hystĂ©rie Freud, 1895 ? 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’in ... 9De ce dernier point de vue, on ne peut nier que l’approche biomĂ©dicale comme l’approche cognitivo‑comportementale du sujet semblent bien Ă©loignĂ©es de cette commune perspective d’une part, elles ne permettent pas de rendre compte de la complexitĂ© Ă©laborĂ©e par les acteurs sociaux, complexitĂ© qui s’inscrit d’abord dans des faits de langage, de langue et de parole13; d’autre part, elles nient leur place subjective. Ces approches se rĂ©vĂšlent en cela dĂ©positaires d’une conception Ă©pistĂ©mologique dangereusement naĂŻve, dont on verra que la conception de la fonction symbolique de LĂ©vi‑Strauss n’est pas exempte. En d’autres termes, lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss Ă©choue comme le montra la critique postmoderne, Lacan reste d’actualitĂ©. 10Nous rappellerons d’abord les enseignements de l’expĂ©rience clinique psychanalytique sur la question de la parole du sujet. Puis nous aborderons la conception du symbolique chez LĂ©vi‑Strauss que nous comparerons avec celle de Lacan. Enfin, nous essaierons de dĂ©gager quelques perspectives Ă  partir des avancĂ©s proposĂ©es par l’anthropologie postmoderne et leurs implications pour la psychanalyse dans un ultime renversement si la psychanalyse traque les illusions, ne peut‑on pas voir, en regard de certaines recherches contemporaines, qu’elle n’en n’est pas elle‑mĂȘme exempte ? La parole du sujet 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s ... 11Il y a une chose de laquelle le psychanalyste ne saurait se dĂ©tourner sans se renier lui‑mĂȘme la clinique. C’est certainement un curieux paradoxe, comme nous l’avons indiquĂ© en prĂ©ambule, que la clinique psychanalytique ait pu apparaĂźtre, puis fleurir », sur la terre aride d’une psychiatrie exclusivement biomĂ©dicale. Si le scientisme imposait au mĂ©decin cet Ă©tonnant mĂ©pris de la rĂ©alitĂ© psychique [
], c’est aussi d’un mĂ©decin que devait venir la nĂ©gation du point de vue lui-mĂȘme »14 en tant qu’il est le praticien par excellence de la vie intime » Lacan, 1966b. C’est Freud, qui fit ce pas fĂ©cond sans doute parce qu’ainsi qu’il en tĂ©moigne dans son autobiographie, il y fut dĂ©terminĂ© par son souci de guĂ©rir [
] » idem. 12Aussi, Ă  l’instar des autres sciences humaines, la psychanalyse se dĂ©tache du paradigme anthropologique naturaliste de l’époque pour des raisons singuliĂšres il s’agit des exigences cliniques. Freud prend au sĂ©rieux la plainte de ses patientes, et paradoxalement ce sont elles qui vont l’enseigner. L’évanouissement de ses patientes ne relĂšve pas d’une causalitĂ© organique, il s’agit en quelque sorte d’une maladie par reprĂ©sentation » Laplanche & Pontalis, 1967 qui se caractĂ©rise par le mĂ©canisme de conversion » Freud, 1894 [
] ce qui spĂ©cifie les symptĂŽmes de la conversion, c’est leur signification symbolique ils expriment par le corps, des reprĂ©sentations refoulĂ©es » Laplanche & Pontalis, op. cit.. 13C’est ainsi qu’aprĂšs l’hypnose et l’enjeu cathartique de la cure, afin de s’écarter de la suggestion, c’est la talking cure qui s’impose. Seule la parole tĂ©moigne de la rĂ©alitĂ© psychique de l’hystĂ©rique. Ainsi, il va leur rendre la dignitĂ© de sujet de laquelle elles Ă©taient gĂ©nĂ©ralement dĂ©chues dans ces lieux en les Ă©coutant. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les ... 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 14Cette attention au sujet est le rĂ©quisit clinique de la psychanalyse. L’introduction de la dimension symbolique en tant que causalitĂ© irrĂ©ductible Ă  une causalitĂ© organique au sein de l’institution asilaire passe par la figure du psychanalyste, et plus tard du psychologue. C’est lĂ , en quelque sorte, un humanisme le psychanalyste est un humaniste Ă  l’hĂŽpital, ce qui est une vĂ©ritable rĂ©volution copernicienne dans le champ des pratiques asilaires15. Ainsi, si l’écoute psychanalytique ne se fait pas au hasard, elle ne relĂšve pas de la science au sens moderne du terme16. Elle semble mĂȘme revĂȘtir certains aspects anti-mĂ©thodiques Nous ne devons attacher d’importance particuliĂšre Ă  rien de ce que nous entendons et il convient que nous prĂȘtions Ă  tout la mĂȘme attention "flottante", suivant l’expression que j’ai adoptĂ©. On Ă©conomise ainsi un effort d’attention
 et on Ă©chappe ainsi au danger insĂ©parable de toute attention voulue, celui de choisir parmi les matĂ©riaux fournis. C’est en effet ce qui arrive quand on fixe Ă  dessein son attention l’analyste grave en sa mĂ©moire tel point qui le frappe en Ă©limine tel autre, et ce choix est dĂ©terminĂ© par des expectatives et des tendances. C’est justement ce qu’il faut Ă©viter ; en conformant son choix Ă  son expectative, l’on court le risque de ne trouver que ce que l’on savait d’avance. En obĂ©issant Ă  ses propres inclinations, le praticien falsifie tout ce qui lui est offert » Freud, 1999. 15En d’autres termes, cette mĂ©thode particuliĂšre d’écoute place la psychanalyse dans un rapport au savoir et Ă  la science qui est inĂ©dit. En effet, le mĂ©decin doit faire fi de son savoir pour s’ouvrir Ă  la singularitĂ© du sujet, Ă  sa vĂ©ritĂ©, et dans cette quĂȘte, la parole seule est son alliĂ©. Le thĂ©rapeute n’est pas l’heureux bĂ©nĂ©ficiaire d’une science qui correspondrait au rĂ©el de la souffrance qui se prĂ©sente Ă  lui et qu’il conviendrait, suivant certains arrangements, d’ajuster ici et lĂ , en fonction de la particularitĂ© d’un sujet. À l’instar d’un certain nombre de philosophies classiques du doute de Descartes, Ă  l’épochĂš d’Husserl, le geste de l’analyste est celui de la suspension du savoir admis. Celui‑ci, pour entendre et bien entendre c’est‑à‑dire Ă©couter, doit oublier son savoir, en faire table rase. Loin d’incarner le maĂźtre des significations qui trĂŽnerait en majestĂ© du haut de son savoir, loin d’ĂȘtre le dĂ©positaire d’un sens qui pourrait se rĂ©soudre dans une Ă©conomie enfin rĂ©alisĂ©e, il est, lui aussi, partie de cet espace qui s’inaugure dans la sĂ©ance. Le psychanalyste ne peut, tel Ulysse attachĂ© Ă  son mĂąt, jouir du spectacle des sirĂšnes sans risques et sans en accepter les consĂ©quences » Blanchot citĂ© par Barthes, 1995b. L’espace analytique n’appartient pas en propre Ă  l’analyste mais le dĂ©passe dans un je‑ne‑sais‑quoi » mais c’est dans cette irrĂ©ductibilitĂ© que la guĂ©rison pourra trouver ses voies Ă  venir. Le savoir ne rĂ©sout pas la clinique, la pratique lui Ă©chappe inlassablement. Ainsi, si le savoir psychanalytique possĂšde quelque consistance, il la trouve parce qu’il est ouvert sur une pratique qui le met toujours en demeure. 16C’est la raison pour laquelle l’association libre implique de tout dire » selon une loi de non‑omission dans la mesure oĂč tout Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre porteur de signification loi de non systĂ©matisation. On ne peut nier que les rĂšgles de cette Ă©coute vont Ă  l’encontre de l’idĂ©al de science. GuĂ©rir par les mots, c’est une activitĂ© par oĂč [
] il faut reconnaĂźtre l’intelligence mĂȘme de la rĂ©alitĂ© humaine, en tant qu’elle s’applique Ă  la transformer » Lacan, 1966b. Le psychanalyste cherche Ă  apprendre et Ă  faire apprendre au sujet Ă  reconnaĂźtre son histoire. Il s’agit, ni plus ni moins d’ [
] aider le sujet Ă  parfaire l’historisation actuelle des faits qui ont dĂ©terminĂ© dĂ©jĂ  dans son existence un certain nombre de tournants historiques. Mais s’ils ont eu ce rĂŽle, c’est dĂ©jĂ  en tant que faits d’histoire, c’est‑à‑dire en tant que faits reconnus dans un certain sens ou censurĂ©s dans un certain ordre » Lacan, 1966a. Ainsi, l’écoute psychanalytique suppose que le psychanalyste sache entendre ce que le discours du patient veut dire un silence peut devenir signifiant, le rĂ©cit d’une histoire quotidienne peut ĂȘtre pris pour un apologue et un lapsus peut ĂȘtre la marque d’un dĂ©sir. On parlera de la ponctuation » heureuse du psychanalyste qui vient faire signe au discours du patient afin de porter Ă  sa conscience les nƓuds par lesquels il se trouve coincĂ© ». La raison en est que l’inconscient est le chapitre censurĂ© de l’histoire du sujet. Ainsi l’anamnĂšse psychanalytique, les conjectures sur le passĂ© du patient n’ont d’autre but que de libĂ©rer l’avenir, de dĂ©nouer la souffrance l’effet d’une parole pleine est de rĂ©ordonner les contingences passĂ©es en leur donnant le sens des nĂ©cessitĂ©s Ă  venir, telles que le constitue le lieu par oĂč le sujet les fait prĂ©sentes » ibid..C’est lĂ  tout le propos de la psychanalyse reconstruire l’histoire du sujet dans sa parole. Car ni le dĂ©sir, ni l’histoire ne sont dĂ©terminĂ©s par la nature. Les pĂ©ripĂ©ties de la subjectivitĂ© ne sont que des stigmates historiques et jamais des stades instinctuels. Dans cette hĂŽtellerie du signifiant » l’écoute du psychanalyste aboutit Ă  une reconnaissance celle du dĂ©sir de l’autre Barthes, 1995a. 17On voit bien que l’espace analytique est irrĂ©ductible au savoir qui pourtant a permis de l’ouvrir. C’est sous le signe de la singularitĂ© que se joue la thĂ©rapie, et c’est sous ce signe Ă©trange, qui traverse dans son entier le corps de l’espace analytique, que le thĂ©rapeute lui‑mĂȘme se trouve. On pourrait mĂȘme dire, non sans quelque provocation, que lui et son patient s’y trouvent de ce point de vue logĂ©s Ă  la mĂȘme enseigne. 18Ainsi, [
] l’expĂ©rience analytique n’est pas dĂ©cisivement objectivable. Elle implique toujours au sein d’elle‑mĂȘme l’émergence d’une vĂ©ritĂ© qui ne peut ĂȘtre dite, puisque ce qui la constitue c’est la parole, et qu’il faudrait en quelque sorte dire la parole elle-mĂȘme, ce qui est Ă  proprement parler ce qui ne peut pas ĂȘtre dit en tant que parole » Lacan, 1953. Il y a donc une disjonction entre le savoir scientifique » et la vĂ©ritĂ© de la parole », qui est au cƓur de la clinique psychanalytique et qui se trouve posĂ©e comme condition de son avĂšnement. 19Évidemment, une telle prĂ©sentation de la psychanalyse Ă©loigne grandement celle‑ci de l’anthropologie classique. La psychanalyse s’occupe de la singularitĂ© du sujet, dans un savoir dont la formalisation scientifique semble bien dĂšs lors s’avĂ©rer impossible, alors que l’anthropologie s’occupe des reprĂ©sentations collectives, dont elle prĂ©tend ĂȘtre Ă  mĂȘme de rendre compte, voire de formaliser. DĂšs lors, si la psychanalyse ne relĂšve pas du savoir de la science, on comprend qu’elle puisse ĂȘtre conçue par l’anthropologie comme une pratique qui relĂšve d’une simple efficacitĂ© symbolique », au mĂȘme titre que de nombreuses autres institutions humaines que l’anthropologue est amenĂ© Ă  dĂ©crire. Nous commençons par lĂ  Ă  entrer dans le cƓur de ce que nous appellerons volontairement la polĂ©mique » de Lacan et de LĂ©vi‑Strauss. En choisissant un tel terme, il s’agit de se dĂ©marquer de l’idĂ©e selon laquelle ces deux auteurs seraient en accord ou que l’on pourrait ramener l’un Ă  l’autre. À mettre trop l’accent sur un certain structuralisme thĂ©orique qu’ils partagĂšrent un temps, on oublie qu’ailleurs se jouaient certaines diffĂ©rences essentielles qui allaient marquer le destin des disciplines. Le chaman et le psychanalyste anthropologie de la psychanalyse 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui post ... 20La rĂ©fĂ©rence est connue. LĂ©vi‑Strauss fait une comparaison du chaman avec le psychanalyste en 1949 dans un article intitulĂ© L’efficacitĂ© symbolique », qu’il dĂ©die Ă  Ferdinand de Saussure 1949a. ConfrontĂ© Ă  la mystĂ©rieuse efficacitĂ© de la cure chamanique, l’anthropologue dĂ©veloppe une explication intellectualiste, s’écartant des approches anthropologiques classiques de la magie des annĂ©es trente LĂ©vy‑Bruhl, 1922 ; De Martino, 199917. 21La cure opĂ©rĂ©e par le chaman consiste, selon LĂ©vi‑Strauss, Ă  rendre pensable » et acceptable » une situation insupportable pour le patient qui souffre » dans son corps. L’intervention du chaman va consister Ă  intervenir de telle sorte Ă  rĂ©soudre le conflit. Pour LĂ©vi‑Strauss, le chaman est une sorte de mĂ©diateur entre le rĂ©el d’un corps qui souffre et le dĂ©sarroi psychique du malade. Il s’agit pour lui, par le truchement de son discours mythologique, de donner une forme narrative Ă  la maladie rĂ©elle. Que la mythologie du chaman ne corresponde pas Ă  une rĂ©alitĂ© objective ne compte pas, rajoute LĂ©vi‑Strauss ce qui compte, c’est que le malade et la communautĂ© y croient. 22Alors que dans la biomĂ©decine, l’explication faite au patient de la cause de son dĂ©sordre, recourant Ă  des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs comme les sĂ©crĂ©tions et les microbes, induit peu d’effets sur sa guĂ©rison, le discours mythologique du chaman qui dĂ©signe monstres et esprits malfaisants comme cause de la maladie, lui, guĂ©rit. Étrange paradoxe, commente LĂ©vi‑Strauss, dont la raison tient Ă  ce que dans un cas les relations de cause Ă  effet sont extĂ©rieures Ă  l’esprit du patient, tandis que dans l’autre les relations de cause Ă  effet sont internes Ă  l’esprit. Le chaman fournit Ă  sa patiente un langage qui permet de symboliser la souffrance. Alors que celle‑ci Ă©tait inexplicable, qu’elle venait perturber l’ordre naturel, l’intervention du chaman consiste Ă  la rĂ©inscrire dans l’ordre symbolique. Le chaman, par l’expression verbale et l’expĂ©rience que permet son intervention, procĂšde ni plus ni moins Ă  une rĂ©organisation symbolique qui a pour issue un dĂ©blocage du processus physiologique. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©ori ... 23Ces considĂ©rations sur l’efficacitĂ© symbolique de la cure chamanique amĂšnent LĂ©vi‑Strauss Ă  la comparer aux ressorts de la technique psychanalytique freudienne. En effet, ne se propose t‑on pas dans les deux cas d’amener Ă  la conscience des conflits et des rĂ©sistances restĂ©s jusque-lĂ  inconscients ? Dans les deux cas, la rĂ©solution des conflits ne se fait pas en raison de la connaissance de la cause objective de la maladie, mais bien grĂące Ă  une expĂ©rience au cours de laquelle les Ă©vĂ©nements se rĂ©alisent dans un ordre et sur un plan qui permettent leur libre dĂ©roulement et conduisent Ă  leur dĂ©nouement ». Cette expĂ©rience vĂ©cue en psychanalyse, poursuit LĂ©vi‑Strauss, s’appelle abrĂ©action »18. Le psychanalyste intervient de maniĂšre non provoquĂ©e » par l’intermĂ©diaire du transfert dans les conflits du malade. Il peut dĂšs lors expliciter une situation restĂ©e informulĂ©e. Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences que LĂ©vi‑Strauss ne nie pas dans un premier temps le chaman est un orateur », tandis que le psychanalyste est un auditeur » d’aprĂšs lui, et que, d’autre part, le nĂ©vrosĂ© liquide un mythe individuel » lorsque l’indigĂšne se rĂ©inscrit dans une mythologie collective », nous retrouvons donc dans la figure du psychanalyste le mĂȘme opĂ©rateur que dans celle du chaman. Tous deux agissent en raison du ressort de l’efficacitĂ© de la fonction symbolique. Mais comment rendre compte de l’harmonie du parallĂ©lisme entre mythe et opĂ©rations rĂ©elles ? Comment expliquer que la narration mythologique puisse agir dans la rĂ©alitĂ© objective ? 24Pour rĂ©pondre Ă  cela, LĂ©vi‑Strauss fait l’hypothĂšse d’un isomorphisme anthropologique l’efficacitĂ© symbolique consisterait prĂ©cisĂ©ment dans cette propriĂ©tĂ© inductrice que possĂ©derait les unes par rapports aux autres, des structures formellement homologues pouvant s’édifier, avec des matĂ©riaux diffĂ©rents, aux diffĂ©rents Ă©tages du vivant processus organique, psychisme inconscient, pensĂ©e rĂ©flĂ©chie. La mĂ©taphore poĂ©tique fournit un exemple familier de ce procĂ©dĂ© inducteur » 25LĂ©vi-Strauss ose lĂ  une certaine audace Ă©pistĂ©mologique, en Ă©voquant un tel procĂ©dĂ© inducteur ne pourrait‑on pas parler Ă  cet Ă©gard de mythopoiĂšsis » au sens oĂč en un certain point la nature les processus organiques rejoint les dĂ©terminismes symboliques de la culture ? Évoquant la thĂ©orie linguistique du rapport de signifiant au signifiĂ© pour rendre compte de la relation de l’efficacitĂ© symbolique comme relation de symbole Ă  chose symbolisĂ© », la question porte peut‑ĂȘtre ici sur le statut du signifiĂ© chez LĂ©vi‑Strauss. LĂ©vi‑Strauss ne suppose t-il pas en effet dans une certaine mesure la possibilitĂ© d’un signifiĂ© de la nature » ? Pour sa part, si la psychanalyse ne rĂ©cuse pas la mĂ©taphore poĂ©tique, la question se pose de sa dĂ©termination ou de son extension. 26TrĂšs tĂŽt, Lacan va prĂ©ciser sa position sur cette question du dĂ©terminisme symbolique tout d’abord, comme nous allons le voir, en complexifiant le symbolique promut par LĂ©vi‑Strauss en introduisant sa catĂ©gorie de l’imaginaire, espace irrĂ©ductible du sujet ; puis en dĂ©veloppant la question du symbolique comme relevant exclusivement du langage, de la parole, ou du signifiant. C’est ainsi qu’il coupera court Ă  la causalitĂ© biologique lĂ  oĂč l’on va voir que LĂ©vi‑Strauss penche sĂ©rieusement en la faveur des processus organiques ». Nous allons suivre pas Ă  pas l’émergence de ce dĂ©saccord. La rĂ©ponse » de Lacan parole du sujet et langage de la science en psychanalyse 27DĂšs Le stade du miroir
 » de 1949, Lacan introduit la notion d’efficacitĂ© symbolique » de LĂ©vi‑Strauss. Mais il commence dĂ©jĂ  Ă  la dĂ©former ». S’agit‑il par lĂ  pour Lacan de rĂ©sister Ă  la tentation naturaliste de LĂ©vi‑Strauss ? Toujours est‑il qu’il complexifie le problĂšme en introduisant une nouvelle dimension la dimension imaginaire » qui a rapport Ă  la relation narcissique ou Ă  l’origine imaginaire du moi il s’agit du fameux stade du miroir ». On remarquera que cette notion d’ imaginaire » n’exclut pas la dimension du symbolique » mais s’y articule. On peut dire que la notion d’imaginaire permet Ă  Lacan de dĂ©placer le problĂšme quant Ă  la nature de la dimension symbolique, tout en spĂ©cifiant le levier opĂ©ratoire de la psychanalyse. Il y a pour lui une fonction inaugurale de l’image spĂ©culaire chez l’homme qui spĂ©cifie son rapport Ă  la nature » et du mĂȘme coup l’en Ă©loigne radicalement. Lacan rĂ©pond donc indirectement Ă  l’hypothĂšse de l’isomorphisme de maniĂšre tranchĂ©e À ce point de jonction de la nature et la culture que l’anthropologie de nos jours scrute obstinĂ©ment, seule la psychanalyse reconnaĂźt ce nƓud de servitude imaginaire que l’amour doit toujours redĂ©faire ou trancher » Lacan, 1966d. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©r ... 28La relation de l’homme Ă  la nature est d’abord marquĂ©e par une discontinuitĂ©. Il s’agit d’une discorde primordiale » dont la psychanalyse a le privilĂšge d’apercevoir les mĂ©canismes dans la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique »19. En d’autres termes, pour rendre compte de l’efficacitĂ© symbolique on ne saurait se passer de l’imaginaire du sujet. L’imaginaire lacanien est donc en quelque sorte une complexification du paradigme symbolique. 29S’il n’est pas lieu ici de rentrer dans la spĂ©cificitĂ© des catĂ©gories lacaniennes, ni de suivre leur Ă©volution, on peut en revanche remarquer que le dĂ©placement du concept d’efficacitĂ© symbolique lĂ©vi‑straussien sera solidaire d’une critique de l’idĂ©al de science que Lacan ne cessera de dĂ©velopper en mĂȘme temps qu’il prĂ©cisera le statut de la psychanalyse par rapport Ă  la science. Certains problĂšmes se posent en effet si le sujet est d’abord le rĂ©sultat d’Imagos, qu’en est‑il de la nature du discours qui prĂ©tend rendre compte de ces Imagos ? La fonction symbolique ainsi dĂ©viĂ©e et couplĂ©e Ă  une dimension imaginaire par la psychanalyse, peut‑elle encore prĂ©tendre Ă  une quelconque lĂ©gitimitĂ© Ă©pistĂ©mologique, si la vĂ©ritĂ© dĂ©pend toujours avant tout d’un sujet ? Sans succomber Ă  la tentation hermĂ©neutique, Lacan ne va faire que radicaliser son geste au fil de son Ɠuvre il va ainsi renouveler le rapport de la psychanalyse Ă  la question de la science. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Pop ... 30Il reprend, en quelque sorte, les questions oĂč Freud en Ă©tait restĂ© et les approfondit. La question que se posait en effet Freud en 1933 Ă©tait en effet la psychanalyse est-elle une Weltanschauung c’est‑à‑dire une conception du monde comme l’est la religion ? Ce dernier chercha Ă  rĂ©pondre par la nĂ©gative en rattachant la psychanalyse Ă  l’émergence d’une Welt scientifique dans l’histoire Freud, 198420. Lacan, en prĂ©cise les rapports et s’écarte en partie de l’évolutionnisme scientifique freudien. Si l’avĂšnement de la psychanalyse est effectivement liĂ© Ă  la naissance de la science, ce n’est pas en tant qu’elle s’insĂšre dans la logique scientifique mais en tant que son champ relĂšve de ce que la science exclut ou rejette. S’il s’agit pour la psychanalyse d’ouvrir un espace irrĂ©ductible Ă  la vĂ©ritĂ© de la parole du sujet, c’est en tant qu’elle entretient un certain rapport au langage de la science qui est un rapport d’exclusion nĂ©cessaire. Évidemment, une telle conception suppose d’élucider plus prĂ©cisĂ©ment ce rapport de la parole que permet la psychanalyse au langage de la science. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit ... 31Que la science ne s’intĂ©resse qu’au gĂ©nĂ©ral est un constat qui s’impose. Saussure par exemple, pĂšre de la linguistique, cherchait, on le sait, Ă  fonder la science du langage. Ainsi il fut amenĂ© Ă  mettre Ă  jour les rĂ©gularitĂ©s et Ă  exclure de son champ d’investigation toutes les traces de l’irrĂ©gularitĂ© ou de l’accident singulier ». Or c’est prĂ©cisĂ©ment Ă  ces irrĂ©gularitĂ©s que la psychanalyse prĂȘte attention, en tant qu’elles rĂ©vĂšlent le sujet. En cela, le domaine qui intĂ©resse la psychanalyse n’est pas vraiment la linguistique, mais plutĂŽt ce que Lacan appelle la linguisterie », c’est‑à‑dire ce qui a trait Ă  la parole du sujet Lacan, 1972. Aussi son investigation se tient‑elle Ă  la limite de la linguistique qui est Ă©tude du langage Lacan dira d’ailleurs de cette derniĂšre qu’elle ne fraye rien pour l’analyse », car le lieu qui l’intĂ©resse n’est pas d’abord celui de la structure au sens d’une structure de langage qui se rĂ©pĂšte, mais le lieu de l’accident qui la rĂ©vĂšle mot d’esprit ou lapsus langagier qui marquent l’émergence du sujet et de sa parole21. S’il y a psychanalyse, c’est en tant que celle‑ci Ă  affaire Ă  la parole du sujet comme cause, ou encore qu’elle a affaire Ă  la relation de la vĂ©ritĂ© comme cause »22. En d’autres termes, chez Lacan, le signifiĂ© passe sous la barre du signifiant nous n’avons qu’un rapport Ă  ce dernier et non plus au premier. C’est pourtant de ce rapport au signifiant singulier que l’efficacitĂ© symbolique se soutient. 32Ainsi si on a rappelĂ© que LĂ©vi‑Strauss compare non sans raison le chaman et le psychanalyste, Lacan dans un texte moins connu des anthropologues Lacan, 1966c, compare cette fois‑ci, le discours de la science tel que celui auquel prĂ©tend LĂ©vi‑Strauss Ă  un discours religieux, et analyse l’interprĂ©tation faite par LĂ©vi‑Strauss du chaman et de la magie en montrant qu’elle Ă©vacue le sujet. On remarquera d’ailleurs qu’il ne parle pas du rapport du signifiant au signifiĂ© Ă  propos de l’efficacitĂ© symbolique comme LĂ©vi‑Strauss en parlait en 1949, mais du rapport du signifiant au signifiant, glissement qui n’est Ă©videmment pas sans implications. Une fois encore, il dĂ©forme » la perspective de LĂ©vi‑Strauss sur la question du symbolique Sur la magie je pars de cette vue, qui ne laisse pas de flou sur mon obĂ©dience scientifique, mais qui se contente d’une dĂ©finition structuraliste. Elle suppose le signifiant rĂ©pondant comme tel au signifiant c’est nous qui soulignons. Le signifiant dans la nature est appelĂ© par le signifiant dans l’incantation. Il est mobilisĂ© mĂ©taphoriquement. La Chose en tant qu’elle parle rĂ©pond Ă  nos objurgations. C’est pourquoi cet ordre de classifications naturelles que j’ai invoquĂ© de LĂ©vi‑Strauss, laisse dans sa dĂ©finition structurale entrevoir le pont de correspondances par lequel l’opĂ©ration efficace est concevable, sous le mĂȘme mode oĂč elle a Ă©tĂ© conçue ». 33Si, Lacan, malgrĂ© cette lĂ©gĂšre distorsion », reconnaĂźt l’approche structurale de LĂ©vi‑Strauss au sens d’une obĂ©dience scientifique », c’est surtout pour porter sa critique plus loin. Ce n’est pas seulement faire valoir l’absence du signifiĂ© dans le paradigme symbolique dont il est question pour lui. Ce qu’il pointe de maniĂšre critique c’est surtout l’évacuation du sujet singulier dans l’approche structurale, ou autrement dit la nĂ©cessitĂ© pour la science d’exclure le signifiant singulier, champ par excellence de l’investigation de la psychanalyse C’est pourtant lĂ  une rĂ©duction qui y nĂ©glige le sujet. Chacun sait que la mise en Ă©tat du sujet, du sujet chamanique y est essentielle. Observons que le chaman, disons en chair et en os, fait partie de la nature et que le sujet corrĂ©latif de l’opĂ©ration a Ă  se recouper dans ce support corporel. C’est ce mode recoupement qui est exclu du sujet de la science. Seuls ses corrĂ©latifs structuraux dans l’opĂ©ration lui sont repĂ©rables 
 » Lacan, 1966c 351. 34En d’autres termes, le savant anthropologue ne peut accĂ©der Ă  l’essence du chamanisme puisqu’il ne s’intĂ©resse qu’à sa dimension structurale. C’est donc, en quelque sorte, un cadeau empoisonnĂ©e » que Lacan fait Ă  LĂ©vi‑Strauss si le structuralisme est bien du cĂŽtĂ© de la science, ce dernier ne peut qu’échouer Ă  rendre compte du sujet chaman. L’anthropologue ne peut qu’entrevoir le pont de correspondances », mais non rendre compte de la vĂ©ritĂ© de cette relation. On voit donc comment Lacan ne ramĂšne pas la question de l’efficacitĂ© symbolique Ă  celle de la science sinon Ă  sa critique, sans pour autant Ă©chouer dans le relativisme ou dans le rejet de la science. Nous sommes alors en 1966 et Lacan peut dĂšs lors affirmer qu’il n y’a pas de science de l’homme parce que l’homme de la science n’existe pas, seulement son sujet » ibid. 339. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant ... 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine ... 35N’est‑ce pas lĂ  une mise au point sans appel de l’entreprise de scientificitĂ© qui pourrait ĂȘtre visĂ© par les sciences humaines ? Il ne s’agit pourtant pas pour Lacan de tomber dans le subjectivisme, mais sinon d’analyser le rapport de la consistance de la vĂ©ritĂ© pour un sujet Ă  la connaissance de la science. Le sujet de la science et le sujet de la psychanalyse se retrouvent dans un rapport inĂ©dit, rapport de mutuelle exclusion pourrait-on dire celui du langage et de la parole. C’est ainsi que Lacan, soutiendra que la dĂ©marche structurale tout comme la science » en gĂ©nĂ©ral, impliquent un dĂ©ni du sujet, opĂ©ration par laquelle elles se constituent comme telles. Le dĂ©sir de savoir du savant est tel qu’il constitue la science en tant qu’elle l’évacue lui-mĂȘme. C’est un paradoxe, mais l’homme de science se trouve exclu par dĂ©finition de son savoir et de sa science, puisqu’il ne saurait s’y inscrire il est donc le sujet qui est en exclusion interne Ă  son objet » ibid. 341. C’est la raison pour laquelle la science, si on la regarde de prĂšs, n’a pas de mĂ©moire. Elle oublie les pĂ©ripĂ©ties dont elle est nĂ©e, quand elle est constituĂ©e, autrement dit une dimension de la vĂ©ritĂ© que la psychanalyse met lĂ  hautement en exercice » ibid. 350. C’est que la vĂ©ritĂ© comme cause » telle que l’explore et l’investit la psychanalyse, la science n’en veut rien savoir on parle alors de mĂ©canisme de dĂ©nĂ©gation » ou de forclusion » en clinique psychanalytique. En d’autres termes, le savoir de la science dĂ©pend de la nĂ©gation du sujet il vise sa clĂŽture23. Alors que par exemple, la logique moderne participe de cette tentative de clĂŽturer le sujet de la science, le dernier thĂ©orĂšme de Gödel montre qu’elle y Ă©choue ce qui veut dire que le sujet en question reste le corrĂ©lat de la science, mais un corrĂ©lat antinomique puisque la science s’avĂšre dĂ©finie par la non-issue de l’effort pour le suturer ». On voit donc que pour Lacan la science en mĂȘme temps qu’elle s’étend, que son langage se prĂ©cise, Ă©choue cependant Ă  rĂ©duire un reste » ce reste est prĂ©cisĂ©ment le sujet de la psychanalyse et la parole. C’est ainsi qu’il scelle la science et la psychanalyse tout en s’éloignant de la conception de la science comme scientisme24. Psychanalyse de l’anthropologie clinique de la fonction symbolique chez LĂ©vi‑Strauss 36En exposant les conceptions lacaniennes et lĂ©vi‑straussiennes de maniĂšre symĂ©trique, on constate que les diffĂ©rences s’accentuent, se creusent et en mĂȘme temps se prĂ©cisent. Il s’agit d’aller plus loin et de reprendre les fils de cette discussion afin de dĂ©placer Ă  notre tour le problĂšme en tirant les consĂ©quences de toutes ces assertions. La linguistique dont s’inspire LĂ©vi‑Strauss vise les rĂ©gularitĂ©s, or ce n’est pas la visĂ©e de Lacan, comme on l’a vu. Qu’est‑ce que cela implique que de s’intĂ©resser aux irrĂ©gularitĂ©s, que ce soit au niveau anthropologique ou au niveau de la nature du paradigme symbolique ? 37Cela signifie qu’on ne peut rĂ©duire un sujet Ă  la structure de sa langue ou du langage. Car si les cĂ©lĂšbres formules consacrĂ©es de Lacan, d’une part l’inconscient est structurĂ© comme un langage », et d’autre part l’inconscient existe, se motive de la structure, soit du langage », nous indiquent en derniĂšre instance que la structure, c’est le langage, qui est en mĂȘme temps condition de l’inconscient, ou encore, ce qui revient un peu au mĂȘme, qu’il n’y a d’inconscient que chez l’ĂȘtre parlant 
 », ces thĂšses n’ont cependant pas une simple portĂ©e de clĂŽture ou de coupure » mais surtout une valeur heuristique et engagent une recherche » Guyomard, 2004. En d’autres termes, si la possibilitĂ© de la parole du sujet est directement liĂ©e Ă  sa langue et au langage, elle ne saurait ĂȘtre arraisonnĂ©e ni par l’un ni par l’autre. La notion de fonction symbolique telle que LĂ©vi‑Strauss l’élabore est ainsi mise Ă  mal, et le structuralisme de Lacan est bien diffĂ©rent de celui de LĂ©vi‑Strauss. Il n’en partage pas l’idĂ©al de science. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 38À partir de ces aspects, on commence Ă  saisir l’éventuelle contribution de la psychanalyse pour Ă©clairer, cette fois‑ci, certains ressorts inconscients de la science » anthropologique. La dimension symbolique telle que la manipule le psychanalyste est fort diffĂ©rente de celle envisagĂ©e par LĂ©vi‑Strauss, ne serait‑ce que parce que dĂšs 1949 Lacan la couple Ă  la dimension imaginaire25. ConsidĂ©rant la vĂ©ritĂ© de la parole en tant que cause du sujet, Lacan ouvre un espace Ă  la singularitĂ© du sujet qu’il prend bien soin d’articuler Ă  l’universel du langage de la science. Ce n’est Ă©videmment pas le cas de LĂ©vi‑Strauss qui tend plutĂŽt Ă  effacer le sujet et sa singularitĂ© au nom de la science. Si c’est cet anthropologue qui est reconnu comme le pĂšre de la notion fondamentale en anthropologie de fonction symbolique », il peut ĂȘtre intĂ©ressant de soulever certains aspects relativement mĂ©connus de sa conception et qui posent problĂšme relativement aux enjeux prĂ©sentĂ©s ici. 39En effet, tout se passe comme si la fonction symbolique de LĂ©vi-Strauss Ă©tait une façon d’éviter l’inconscient psychanalytique et le remaniement de la question du symbolique par rapport au sujet qu’effectue Lacan. On peut se reporter Ă  son entretien avec Bellour 1979 B – Je voulais revenir et insister, en les formulant de façon plus globale, sur les questions qui prĂ©cĂ©daient, en particulier celle sur la psychanalyse Ă  laquelle vous me semblez n’avoir qu’à moitiĂ© rĂ©pondu. Ceci, dans la mesure oĂč les clivages que vous pratiquez se trouvent Ă©luder spĂ©cifiquement la dimension fondamentale de l’inconscient comme production du dĂ©sir. L-S – Mais est-ce la dimension fondamentale de l’inconscient ? Je n’en suis nullement convaincu ». 40Si LĂ©vi‑Strauss a bien repĂ©rĂ© une dimension mythopoĂŻĂ©tique dans laquelle se dĂ©ploie l’exercice de la cure psychanalytique, il n’est pas certain que l’on puisse cependant rapporter celle‑ci Ă  la fonction symbolique telle qu’il l’entend. En effet, LĂ©vi‑Strauss dĂ©nie la singularitĂ© du sujet. Dans les textes que nous avons Ă©voquĂ©s LĂ©vi‑Strauss nous dit que la fonction symbolique renvoie Ă  un ensemble de structures intemporelles que l’on appellerait inconscient », et dĂšs lors, nous verrions s’évanouir la derniĂšre diffĂ©rence entre la thĂ©orie du chamanisme et celle de la psychanalyse. L’inconscient cesse d’ĂȘtre l’ineffable refuge des particularitĂ©s individuelles, le dĂ©positaire d’une histoire unique, qui fait de chacun de nous un ĂȘtre irremplaçable. Il se rĂ©duit Ă  un terme par lequel nous dĂ©signons une fonction la fonction symbolique [
] qui chez tous les hommes s’exerce selon les mĂȘmes lois ; qui se ramĂšne en fait Ă  l’ensemble de ses lois » 1949 a 232 41Puis, un peu plus loin, LĂ©vi‑Strauss avance que l’inconscient est toujours vide ; ou plus exactement, il est toujours aussi Ă©tranger aux images que l’estomac aux aliments qui le traversent ». Il est en fait l’organe d’une fonction, la fonction symbolique ». Du coup, il se borne Ă  imposer des lois structurales qui Ă©puisent sa rĂ©alitĂ© » ibid. 233. On le voit, l’assimilation est totale et radicale, et l’inconscient vidĂ© de toute pulsion, de toute dimension singuliĂšre, de tout dĂ©sir. Il est Ă©quivalent Ă  la fonction symbolique » qui est une sorte de mĂ©canique opĂ©ratoire de l’intellect. 42Face Ă  une telle conception, on ne peut que se remĂ©morer la boutade de Barthes ’Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermĂ©e est un proverbe structuraliste » Barthes, 1995a 337. N’y a t‑il pas en effet une rage structuraliste » rage qui a peut‑ĂȘtre pris des gants, mais une rage polie est toujours une rage », se demandait alors Barthes non sans une dĂ©licieuse malice ? Car dans l’auguste mouvement par oĂč LĂ©vi‑Strauss affirme l’hypothĂšse symbolique, il ne rĂ©siste pas, on le voit, Ă  la tentation d’arraisonner l’inconscient de la psychanalyse Ă  sa fonction symbolique ». 43Mais ce n’est pas tout, et c’est le deuxiĂšme aspect de notre hypothĂšse. Que LĂ©vi‑Strauss fasse du modĂšle structural un modĂšle explicatif tout-puissant et universel est une chose qui en soi est assez problĂ©matique ; cette critique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e en grande partie et Ă  juste titre, notamment par les anthropologues postmodernes. Mais soulignons que la maniĂšre dont il le fait dans ces textes mĂ©rite une attention particuliĂšre car et c’est lĂ  une des modalitĂ©s de son discours gĂ©nĂ©ralement peu mise en valeur car il hypothĂšque la psychanalyse au nom d’un progrĂšs irrĂ©sistible de la science biochimique et physiologique 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’ap ... L’analogie entre les deux mĂ©thodes chamanique et psychanalytique serait plus complĂšte si la description en termes psychologiques des psychoses et des nĂ©vroses disparaĂźt un jour devant une conception physiologique, ou mĂȘme biochimique [
] Cette Ă©ventualitĂ© pourrait ĂȘtre plus proche qu’il ne semble, puisque les recherches suĂ©doises rĂ©centes ont mis en Ă©vidence des diffĂ©rences chimiques, portant sur leur richesses en polynuclĂ©otides, entre les individus normaux et celles de l’aliĂ©nĂ© » ibid. 23126. 44Ces quelques remarques qui vantent les mĂ©rites d’une approche biologique de l’ĂȘtre humain se retrouvent plus tard dans d’autres Ă©crits. Dans Le totĂ©misme aujourd’hui, LĂ©vi‑Strauss Ă©crit En vĂ©ritĂ© les pulsions et les Ă©motions n’expliquent rien ; elles rĂ©sultent toujours soit de la puissance du corps, soit de l’impuissance de l’esprit. ConsĂ©quences dans les deux cas, elles ne sont jamais des causes. Celles‑ci ne peuvent ĂȘtre cherchĂ©es que dans l’organisme, comme seule la biologie sait le faire, ou dans l’intellect, ce qui est l’unique voie offerte Ă  la psychologie comme Ă  l’ethnologie » 1962 103. 45On voit bien que la fonction symbolique » s’assimile Ă  un intellect renvoyĂ© au fonctionnement du cerveau, tel qu’il est envisagĂ© par la biologie. Un des commentateurs de LĂ©vi‑Strauss nous dit d’ailleurs Il semble bien que LĂ©vi‑Strauss pour sa part est convaincu de la complĂ©mentaritĂ© entre le structuralisme et la neurobiologie 
. Les propriĂ©tĂ©s logiques que le structuralisme met en Ă©vidence pourraient se rapporter en derniĂšre instance Ă  l’organisation cĂ©rĂ©brale » Rechtman, 1996 64-65. 46On voit donc que LĂ©vi‑Strauss rejette l’inconscient freudien pulsionnel et singulier pour asseoir le symbolisme structuraliste sur une prĂ©tendue correspondance avec le modĂšle de la science biologique. Il renaturalise » donc la dimension symbolique au nom d’un idĂ©al de la science on pourrait dire qu’il existerait pour lui, en quelque sorte, l’idĂ©e d’un signifiĂ© naturel ». LĂ©vi‑Strauss Ă©radique la logique du signifiant singulier, arraisonne le sujet, Ă©crase sa parole, le rĂ©duisant Ă  une pure fonction au nom de la science
 En derniĂšre instance il n’hĂ©site pas Ă  ramener le paradigme symbolique Ă  un biologisme sous le thĂšme de la mĂ©taphore poĂ©tique ». Et, c’est peut‑ĂȘtre ici que le dĂ©saccord avec Lacan est le plus saillant. 47En effet, pour ce qui est du dĂ©bat qui nous intĂ©resse, nous retrouvons une rĂ©ponse trĂšs tranchĂ©e Ă  l’hypothĂšse de LĂ©vi‑Strauss formulĂ©e en 1949, Ă  savoir celle de l’isomorphisme » mĂ©taphorique est‑ce un hasard si, 28 ans plus tard, Lacan reprend en effet la question de la nature de la poĂ©sie pour dĂ©crire l’activitĂ© psychanalytique ? Mais il le fera Ă  l’opposĂ© de ce qu’aura fait LĂ©vi‑Strauss. Lacan, plutĂŽt que d’assimiler la psychanalyse Ă  une science n’hĂ©sitera pas Ă  dire, non sans provocation malicieuse, qu’elle serait une escroquerie » elle serait, d’une certaine façon, du chiquĂ©, je veux dire du semblant. [
] Il est parvenu Ă  vos oreilles que j’ai parlĂ© de la psychanalyse comme pouvant ĂȘtre une escroquerie » Lacan, 1977a. 48Cependant, s’il s’agit d’une escroquerie », encore faut‑il s’entendre sur les termes. Il les prĂ©cisera en effet la psychanalyse est peut-ĂȘtre une escroquerie, mais ce n’est pas n’importe laquelle – c’est une escroquerie qui tombe juste par rapport Ă  ce qu’est le signifiant, soit quelque chose de bien spĂ©cial, qui a des effets de sens. [
] À cet Ă©gard, la psychanalyse n’est pas plus une escroquerie que la poĂ©sie elle‑mĂȘme » Lacan 1977b. 49Lacan jusqu’à la fin de sa vie n’aura pas cĂ©dĂ© ni Ă  la tentation du scientisme, ni non plus Ă  celle de condamner de la science. Conclusion et aujourd’hui ? 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre ... 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’e ... 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir c ... 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la ... 50C’est donc un curieux paradoxe, peu soulignĂ© il est vrai dans l’histoire de l’anthropologie culturelle oĂč LĂ©vi‑Strauss occupe une place de premier plan, que cette Ɠuvre soit aussi celle par oĂč se rĂ©introduit le naturalisme contemporain27. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences Ă  l’Ɠuvre de Freud que faisait LĂ©vi‑Strauss dans les annĂ©es 50, chez des anthropologues contemporains qui tentent de biologiser la psychanalyse28. De mĂȘme que LĂ©vi‑Strauss cite les rares passages oĂč Freud mise sur les progrĂšs de la biologie contre la psychanalyse pour justifier l’hypothĂšse d’une biologisation » de la fonction symbolique, certains auteurs soutiennent que Freud Ă©tait un biologiste de l’esprit qui avait cachĂ© son inspiration biologisante en d’autres termes, les concepts fondamentaux de la psychanalyse se trouveraient dans les neurosciences29. C’est lĂ  un habile moyen d’ignorer l’Ɠuvre de Freud, mais aussi surtout celle de Lacan. Ce discours se prĂ©sente sous le masque d’une fringante modernisation scientifique », alors qu’il est Ă©videmment en son fond une rĂ©gression, un retour en arriĂšre, une dĂ©nĂ©gation de la singularitĂ© et du dĂ©sir du sujet. Cette prolifĂ©ration d’un savoir de nature scientiste n’est pas sans rappeler l’inconscient cĂ©rĂ©bral » du XIXe siĂšcle et sa prolifĂ©ration Gauchet, 1992. Or si plus personne ne se souvient aujourd’hui de la morpho‑psychologie, du constitutionalisme, ou de l’anthropomĂ©trie de Galton30 mis Ă  part quelques rares historiens des sciences, la dĂ©suĂ©tude et l’oubli qui frappent aujourd’hui ces conceptions surannĂ©es constituent assurĂ©ment le pendant du triomphe des sciences humaines contemporaines et du paradigme symbolique. Mais pour combien de temps encore ? Car force est de constater que la psychologie et l’anthropologie cognitives contemporaines sont un avatar de cette conception ancienne. Si une bataille fut autrefois gagnĂ©e, il semblerait que la guerre a dĂ©sormais repris
 Tout en se distinguant des neurosciences et de la biologie, les courants cognitivistes trouvent en ces derniĂšres la rĂ©fĂ©rence obligĂ©e Ă  leur exigence matĂ©rialiste, comme LĂ©vi‑Strauss. Et il s’agit bien lĂ  toujours du mĂȘme motif celui d’un certain idĂ©al de science que l’on cherche Ă  appliquer Ă  l’homme, quitte Ă  le faire taire, Ă  empĂȘcher sa parole. 51En tout Ă©tat de cause, rouvrir le dossier relativement oubliĂ© des rapports de l’anthropologie et de la psychanalyse et des enjeux de leurs paradigmes respectifs doit inviter Ă  poursuivre la discussion aujourd’hui. La psychanalyse interrogea radicalement le projet de toute science de l’homme et mĂȘme de toute science, pour le remettre en cause et renouveler la vieille question celle posĂ©e Ă  l’époque oĂč les sciences humaines furent fondĂ©es de savoir si la psychanalyse et l’anthropologie sont hors ou dans la science ? 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui- ... 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produit ... 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur ... 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle ... 52La clinique, en tant que son objet est la singularitĂ© de la parole d’un sujet, interroge de maniĂšre exemplaire la question de l’objet de la science en gĂ©nĂ©ral, et donc de tout idĂ©al de science dans les sciences de l’homme. Toute prĂ©tention scientifique en tant qu’elle vise le gĂ©nĂ©ral et Ă©radique les irrĂ©gularitĂ©s du sujet, ne peut-elle pas faire l’objet d’une problĂ©matisation psychanalytique, surtout si elle prĂ©tend faire une science de l’homme »31 ? La psychanalyse, par son attention aux mots singuliers, ne pouvait peut‑ĂȘtre que dĂ©construire l’aspect fantasmatique du projet consistant Ă  Ă©laborer une science » de l’homme32. Cependant il se pourrait que ce soit aujourd’hui les recherches en anthropologie contemporaine33 qui se soit engagĂ©e plus avant dans l’investigation du paradigme symbolique quant Ă  ses consĂ©quences thĂ©oriques et pratiques34. Et, mĂȘme si Lacan ne fut pas dupe de la science lĂ  oĂč LĂ©vi‑Strauss le fut, son Ɠuvre n’a pas, bien entendu, Ă  ĂȘtre exemptĂ©e d’un travail critique. Il semble que la situation psychanalytique n’a guĂšre Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©e jusqu’alors par la critique postmoderne des effets de langage, qui a pour intĂ©rĂȘt de montrer les illusions prĂ©sentes dans les concepts fondateurs des disciplines. Est‑ce pour avoir poussĂ© assez loin sa pratique du langage et sa thĂ©orisation critique que, jusqu’à aujourd’hui, elle a rĂ©ussi Ă  s’en prĂ©server ? Rien n’est moins sĂ»r, mais c’est certainement de bon augure pour la psychanalyse ; comme le disait Tosquelles 1991 » ce qui caractĂ©rise la psychanalyse c’est qu’il faut l’inventer ». Top of page Bibliography Assoun Zafiropoulos M. dir., 2002. L’anthropologie psychanalytique. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2004. Logiques du symptĂŽme, Logiques pluridisciplinaires. Paris, Anthropos Economica. Assoun Zafiropoulos M. dir., 2007. ActualitĂ©s de la fonction symbolique. Paris, Anthropos Economica. Barthes R., 1995a. Question de tempo » in ƒuvres complĂštes, t. V. Paris, Seuil, 1997. 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Lacan et les sciences sociales. Le dĂ©clin du pĂšre 1938-1953. Paris, PUF. Top of page Notes 1 Nous entendons le terme de symbolique, ou de paradigme symbolique », au sens gĂ©nĂ©ral oĂč il s’oppose Ă  un paradigme naturaliste ou organique. Sur la question de cette notion fondatrice en sciences humaines et ses origines on peut notamment se rapporter Ă  l’article de Kremer‑Marietti 2007 qui l’inscrit dans l’hĂ©gĂ©lianisme et dont on peut retenir le commentaire suivant Symboliser est l’acte essentiellement fondateur dans le sens oĂč fonder, c’est ici poser Ă  la fois la condition de possibilitĂ© et l’accomplissement de la convention humaine, du pacte incontournable. Si la psychanalyse met au jour la topique symbolique, l’ethnologie la confirme et les sciences humaines l’impliquent ». 2 D’aprĂšs ces doctrines, le trouble psychique Ă©tait dĂ» Ă  processus neuro‑dĂ©gĂ©nĂ©ratif. 3 Il faut rappeler que Durkheim, fondateur de la sociologie, tout comme Ribot, fondateur de la psychologie en France, Ă©taient tous deux philosophes de formation. Seul Mauss, fondateur de l’ethnologie et neveu de Durkheim ne l’était pas. 4 La citation complĂšte mĂ©rite l’attention pour donner un aperçu de son propos Il n’y a pas d’autres causes que des causes naturelles. Il n’y a pas d’exceptions aux lois de la physique. Dans le social, on est confrontĂ© au mĂȘme matĂ©riel » citĂ© par Dosse, 1995 247. 5 Sur ces questions on se reportera Ă  l’excellente critique de Bernard Juillerat 2001 9-38 concernant cette approche naturaliste en gĂ©nĂ©ral. Elle constitue notre rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. 6 C’est notamment le cas du trĂšs mĂ©diatisĂ© Livre noir de la psychanalyse oĂč les auteurs, aprĂšs avoir critiquĂ© la psychanalyse, font en fin d’ouvrage l’apologie des thĂ©rapies neuro‑comportementales Meyer, 2005. 7 Comment ne pas voir que les rĂ©cents dĂ©bats autour de l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique de la psychanalyse en France autour de l’amendement Accoyer s’inscrivent aussi dans ce mĂȘme phĂ©nomĂšne Ă©valuatif inspirĂ© des approches cognitives anglo-saxonnes ? 8 C’est le cas d’une lecture qui semble devenir frĂ©quente et qui, mĂȘme si elle est incontestablement fĂ©conde philosophiquement, peut laisser de cĂŽtĂ© certaines questions spĂ©cifiques aux Ɠuvres Maniglier, 2006. 9 En effet, les rapports de Lacan Ă  LĂ©vi‑Strauss ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remarquablement explorĂ©s mais de maniĂšre diffĂ©rente. Lacan serait d’abord tributaire de Durkheim, puis son retour Ă  Freud se ferait par LĂ©vi‑Strauss Ă  qui il devrait l’essentiel de ses concepts Zafiropoulos, 2001, 2003. Dans une lecture complĂ©mentaire Ă  cette derniĂšre, nous insisterons quant Ă  nous sur leurs diffĂ©rences et sur la fĂ©conditĂ© de la lecture lacanienne de LĂ©vi‑Strauss. 10 On ne prĂ©sentera pas ici l’ensemble des recherches d’anthropologie psychanalytique qui furent menĂ©es depuis plus d’un siĂšcle de recherche de l’anthropologie amĂ©ricaine avec Margaret Mead et les culturals studies du dĂ©but du siĂšcle, jusqu’aux dĂ©veloppements de Roheim, de DĂ©vereux ou de Bastide en France jusqu’à la fin des annĂ©es 1970. On peut notamment se reporter sur ces questions Ă  la prĂ©face de François Gantheret 1993 Ă  Totem et Tabou qui dĂ©gage ces aspects. 11 Depuis L’oedipe africain d’Ortigues 1966 la psychanalyse inspirĂ©e de Lacan n’a pas exprimĂ© grand-chose sur l’anthropologie semble t‑il. De plus, si dans la premiĂšre Ă©dition de ce livre, rĂ©fĂ©rence est faite aux concepts lacaniens, il n’en sera plus de mĂȘme dans la 3e Ă©dition 1984. Au fond, Ortigues n’était‑il pas avant tout philosophe ? On peut se reporter au numĂ©ro consacrĂ© par L’Homme qui lui rend hommage – l’étendue de son Ɠuvre dĂ©borde largement le champ de la psychanalyse on regardera notamment l’article de Vincent Descombes, 2005 – ainsi qu’à l’entretien de Simone Gerber et Alex Raffy dans la revue Le coq HĂ©ron qui fait notamment Ă©tat de la clinique africaine dans les annĂ©es cinquante 2004. Cependant, une autre tentative s’élabore et s’affirme comme incontournable aujourd’hui. Cette autre anthropologie psychanalytique vise Ă  intĂ©grer les avancĂ©es des recherches psychanalytiques, notamment cliniques, et les avancĂ©es des recherches en sciences sociales Assoun & Zafiropoulos, 2001, 2004, 2007. Notre travail est proche de cette perspective. 12 On pense ici notamment Ă  l’ouvrage de Favret‑Saada qui fit date, Les mots, la mort, les sorts la sorcellerie dans le bocage 1977. 13 Mieux encore, comme on le sait, elle‑mĂȘme en dĂ©pend la production des faits de laboratoire s’inscrit elle aussi dans la culture et la science est imbibĂ©e de valeurs Latour & Wooglar, 1988. 14 Comme nous le verrons Lacan dĂ©veloppe un certain rapport de la psychanalyse Ă  la science. Il ne s’agit certainement pas de tomber dans la caricature anti‑scientifique, mais de distinguer la science de la psychanalyse, tout en essayant d’élucider leurs liens. 15 Cette affirmation mĂ©riterait bien entendu de plus longs dĂ©veloppements, que nous n’avons pas les moyens d’exposer ici. 16 C’est‑à‑dire au sens oĂč l’on parle d’une science physique. 17 Au‑delĂ  de leurs diffĂ©rences, ces deux auteurs plutĂŽt tenus Ă  l’écart du dĂ©bat aujourd’hui postulent davantage qu’il existe une diffĂ©rence de nature ontologique entre la pensĂ©e magique et la pensĂ©e rationnelle. 18 Le concept d’abrĂ©action se trouve essentiellement valorisĂ© dans les premiĂšres Ă©laborations thĂ©oriques freudiennes conçues sur le modĂšle de la catharsis. L’abrĂ©action en psychanalyse consiste en une dĂ©charge Ă©motionnelle par laquelle un sujet se libĂšre de l’affect attachĂ© Ă  un Ă©vĂ©nement traumatique ou souvenir d’un Ă©vĂ©nement traumatique, lui permettant ainsi de ne pas devenir ou rester pathogĂšne Laplanche & Pontalis, op. cit.. 19 » Pour les imagos, en effet, dont c’est notre privilĂšge que de voir se profiler, dans notre expĂ©rience quotidienne et la pĂ©nombre de l’efficacitĂ© symbolique, les visages voilĂ©s, – l’image spĂ©culaire semble ĂȘtre le seuil du monde visible 
 » Lacan, 1966d 95. 20 MalgrĂ© sa tentative et son rapprochement avec Einstein, il n’échappa au feu de la critique de Popper qui paraĂźt deux ans plus tard 1988. 21 Nous reprenons ici les analyses classiques de Milner 2000. 22 Des distinctions sont lĂ  encore Ă  faire entre le chaman et le psychanalyste. Pour l’un, il s’agit de la vĂ©ritĂ© comme cause efficiente son domaine sont les signifiants naturels ; la magie qu’il dĂ©clenche provient du fait qu’il manipule de signifiants naturels tonnerre, pluie, mĂ©tĂ©ores et miracles, pour le psychanalyste, Lacan parle de la vĂ©ritĂ© comme cause matĂ©rielle puisqu’il s’agit de la matĂ©rialitĂ© » de la parole qui est sans rapport avec la nature Lacan 1966c. 23 Pour rendre compte de ce dĂ©ni Lacan va analyser l’acte fondateur de Descartes du cogito, en tant que sujet de la science. La possibilitĂ© du cogito et de la fondation de la science moderne par Descartes ne reposait-elle pas en effet sur l’idĂ©e d’une mathesis universalis, c’est‑à‑dire d’un langage qui, prenant la mathĂ©matique comme modĂšle, pourrait rendre compte de tous les phĂ©nomĂšnes ? Lacan dans Les problĂšmes cruciaux pour la psychanalyse leçon du 9 juin 1965 indique bien que le cogito cartĂ©sien dĂ©finit les rapports du sujet au savoir comme Ă©tant le sujet de la connaissance. En d’autres termes, si le cogito fonde le sujet de la science et son langage, c’est aussi en excluant le sujet il y a un je pense qui est savoir sans le savoir » ibid.. Le je pense » n’a plus de rapport avec le suis » c’est au contraire dans les ratages, lapsus, symptĂŽmes que je » trouve son statut de sujet. La condition de sujet parlant sera toujours d’ĂȘtre divisĂ©e on ne se rĂ©vĂšle jamais autrement Ă  soi-mĂȘme que dans un mi‑dire de sa parole, car la vĂ©ritĂ©, contrairement Ă  la certitude de la science, n’est pas toute ». Le langage de la science est en quelque sorte l’envers de la parole du sujet. 24 Ni la psychanalyse ni la science ne relĂšvent du progrĂšs, car contrairement Ă  ce qu’on s’imagine, la science tourne en rond, et nous n’avons pas de raison de penser que les gens du silex taillĂ© avaient moins de science que nous. La psychanalyse, notamment, n’est pas un progrĂšs... c’est un biais pratique pour mieux se sentir » Lacan, 1977. 25 Plus tard c’est la dimension du rĂ©el qui prendra le pas sur les deux autres. 26 On peut remarquer au passage que le geste de LĂ©vi‑Strauss est d’autant plus retord » qu’il s’appuie sur deux suggestions isolĂ©es de Freud, oĂč le pĂšre de la psychanalyse Ă©voque la possibilitĂ© d’un anĂ©antissement de la psychanalyse par le progrĂšs de la science objectiveces remarques se trouvent dans Au delĂ  du principe de plaisir Freud, 1968 78,et dans les nouvelles confĂ©rences Freud, 1984 [1933] 198. 27 C’est notamment non un anthropologue mais un psychanalyste qui a menĂ© cette critique particuliĂšre de LĂ©vi‑Strauss, notamment dans un livre qui s’intitule La causalitĂ© psychique Green,1995. 28 C’est le cas notamment de Sulloway qui soutient que Freud Ă©tait en rĂ©alitĂ© un biologiste de l’esprit » 1992. Il n’en demeure pas moins que Freud a malgrĂ© tout posĂ© l’autonomie du psychisme et mis en garde la psychanalyse face Ă  la tentation d’une main mise par la mĂ©decine psychiatrique. Freud, mĂ©decin de formation, s’était Ă©cartĂ© peu Ă  peu de l’approche biologisante et mĂ©dicale de la psychiatrie. 29 Pour la petite histoire, Sulloway est chercheur au MIT. Or, ce [
] dĂ©partement allait devenir celui des sciences cognitives, ardent dĂ©fenseur des thĂšses de l’évolutionnisme social et historien des sciences spĂ©cialiste du darwinisme
 » selon Michel Plon, qui le prĂ©sente en introduction. 30 Citons un commentateur de ces mouvements, pour se remettre dans l’ambiance » de l’époque de la thĂšse lacanienne Physiologues et mĂ©decins, surtout observateurs du corps, ont dĂ©crit des morpho‑types et des biotypes constitutions, plutĂŽt anatomiques ; tempĂ©raments, plutĂŽt physiologiques, auxquels ils ont rattachĂ© des traits de caractĂšre de nature psychologique, tandis que psychologues et moralistes ont plus particuliĂšrement nommĂ© caractĂšres depuis ThĂ©ophraste les structures psychologiques fondamentales sous‑jacentes Ă  la personnalitĂ© et susceptibles de regroupement ; des morphopsychologues ont tentĂ© de trouver des corrĂ©lations entre caractĂšres et morphotypes » Torris, 1972. 31 En effet, le linguiste lui‑mĂȘme n’est-il pas linguiste que dans la mesure exacte oĂč il est lui-mĂȘme un sujet parlant ? » se demande Milner Ă  juste titre Dans certains cas – notamment, quand il Ă©tudie sa propre langue –, le retour sur soi lui est ainsi constamment imposĂ© ; mais de toute maniĂšre, Ă  supposer mĂȘme qu’il Ă©tudie une langue qui ne soit pas la sienne, il ne peut l’étudier sans la faire sienne, si peu que ce soit. Il s’établit donc toujours une coĂŻncidence entre l’observateur et l’observĂ© ; cela ne manque pas de crĂ©er une structure paradoxale » Milner, 2004. 32 On pourrait rapprocher ces travaux de Lacan de ceux de Foucault ou de Derrida, qui furent produits dans des pĂ©riodes proches
 sauf que ces philosophies vont jusqu’à dĂ©faire le sujet lui-mĂȘme. De plus, cette idĂ©e que la science ne s’assimile pas Ă  la vĂ©ritĂ© se trouve chez Lacan bien avant les annĂ©es cinquante en 1936 notamment dans un article intitulĂ© Au delĂ  du principe de rĂ©alitĂ© » qu’il consacre Ă  la psychanalyse et Ă  Freud [
] la science peut s’honorer de ses alliances Ă  la vĂ©ritĂ© ; elle peut se proposer comme son phĂ©nomĂšne et sa valeur ; elle ne peut d’aucune façon l’identifier pour sa fin propre » Lacan, 1966b 78. Et c’est ainsi qu’il s’exprimait encore dans son sĂ©minaire du 15 novembre 1977 Lacan, 1977d » Ce que j’ai Ă  vous dire, je vais vous le dire, c’est que la psychanalyse est Ă  prendre au sĂ©rieux, bien que ce n’est pas une science. Ce n’est mĂȘme pas une science du tout. Parce que comme l’a montrĂ© surabondamment un nommĂ© Karl Popper, c’est que ce n’est pas une science parce que c’est irrĂ©futable. C’est une pratique qui durera ce qu’elle durera, c’est une pratique de bavardage. Et aucun bavardage n’est sans risque ». 33 Nous pensons ici aux rĂ©cents travaux d’Eric Chauvier. On peut se reporter Ă  sa thĂšse oĂč l’auteur s’appuie sur la micro observation et sur une pragmatique du langage pour dĂ©crire sa propre famille 2003. Comme le faisait remarquer un Ă©minent anthropologue, cette anthropologie consiste dans le recueil de nos BOV, c’est-Ă -dire dans l’écoute de la bande originale de nos vies. On peut aussi se reporter notamment Ă  son dernier ouvrage 2008 oĂč l’auteur investit une institution qui s’occupe du placement familial. 34 On ne peut Ă©viter aussi d’évoquer ici la contribution de la philosophie contemporaine comme celle de Judith Buttler qui montre les effets normatifs de toute thĂ©orie Butler, 2002, et dont une partie du travail consiste dans une critique et une reprise des donnĂ©es de la psychanalyse. Le nĂ©ophyte se reportera utilement Ă  son recueil d’entretiens Butler, 2005.Top of page References Bibliographical reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues, 116-117 2009, 69-104. Electronic reference Florent Gabarron-Garcia, De l’anthropologie de la psychanalyse Ă  la psychanalyse de l’anthropologie », Journal des anthropologues [Online], 116-117 2009, Online since 01 June 2010, connection on 24 August 2022. URL ; DOI of page Copyright Journal des anthropologuesTop of page
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Exclude la SPP adoubée par Freud, il clame pourtant son orthodoxie théorique et orchestre un retour au pÚre de la psychanalyse. En 1953, il prononce le « Discours de Rome », qui éclaire le
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